Cinq ans et une série Netflix plus tard, l’ombre du corbeau continue de planer sur Westfield et la famille Broaddus.
Épisode n° 8
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TexteReeves WiedemanIllustrationRôjerTraductionAugustin Naepels et Isabelle Roberts
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Depuis la publication, en 2018, dans le « New York Magazine » de cette enquête – aujourd’hui traduite et adaptée en série par « Les Jours » –, j’ai reçu un flot de questions – et de tuyaux – sur « The Watcher », ce mystérieux harceleur qui a envoyé des lettres de menace effrayantes à Maria et Derek Broaddus, les nouveaux propriétaires d’une maison à Westfield, dans le New Jersey. Alors que Netflix a sorti en octobre 2022 une série inspirée de cette histoire – une saison 2 est d’ores et déjà programmée –, voici ce qui s’est passé depuis 2018.
En mars 2019, cinq ans après que les Broaddus ont payé plus de 1,35 million de dollars pour le 657 Boulevard, ils remettent la maison sur le marché moyennant une forte baisse de prix : 999 000 dollars. Extrait de l’annonce immobilière : « Maison de caractère unique en son genre aux innombrables prestations. Visite sur place indispensable !!!! » Les Broaddus auraient préféré vendre à un entrepreneur voulant démolir la maison. Mais finalement, un jeune couple de la ville accepte de l’acheter pour 959 000 dollars, soit une moins-value d’environ 400 000 dollars, sans compter la commission de l’agence immobilière – la vente de la maison aux Broaddus en 2014 et sa revente en 2019 s’est faite par l’intermédiaire d’un seul et même agent. Auxquels il faut ajouter les 100 000 dollars de taxes foncières payés par Derek et Maria ainsi que les factures des services de la ville, de l’assurance habitation, des entrepreneurs pour les rénovations commencées dans la maison, des avocats et des détectives privés qu’ils ont engagés pour résoudre l’énigme. Quelques jours avant la clôture de la vente, Derek me fait suivre un mail de confirmation de son soixantième versement de 5 495,13 dollars pour l’emprunt de cette maison que la famille n’a jamais habitée.
Lorsque la vente est conclue, les Broaddus demandent à leur avocat de remettre un message aux nouveaux propriétaires. « Tout ce que nous vous souhaitons, c’est de trouver la paix et la tranquillité dont nous avions rêvé dans cette maison », écrivent-ils. Ils joignent une photo de l’écriture du Watcher au cas où ils recevraient de nouvelles lettres.
Jusqu’à maintenant, ce n’est pas arrivé.
Les Broaddus n’ont eu que deux exigences : que la série Netflix n’utilise pas leur vrai nom et que la famille ressemble le moins possible à la leur
— Illustration Rôjer pour Les Jours.
Des années plus tard, The Watcher distille toujours son poison dans leurs vies : tout à Westfield leur rappelle l’affaire – les Broaddus y vivent toujours dans une belle, bien que plus petite, maison. Derek admet avoir eu du mal à dépasser son obsession pour The Watcher et ses répercussions sur leur vie.