Au tout début de l’année 1980, Ronald Reagan survole la primaire républicaine pour désigner le candidat à la présidentielle. Fort de sa campagne de 1976, perdue in extremis contre le président sortant Gerald Ford, il recueille plus de 40 % des intentions de vote républicaines dans les sondages et écrase la concurrence – dont l’ancien directeur de la CIA George H. W. Bush, à la réputation de loser électoral, qui en est réduit à parcourir les foires agricoles pour serrer des mains et se faire connaître. C’est pourquoi Ronald Reagan choisit de s’épargner le débat organisé alors pour la première fois dans une primaire républicaine à Des Moines, dans l’Iowa, le 17 janvier 1980. Son directeur de campagne, John Sears, ironise : « Pourquoi donner la possibilité aux autres types de s’acharner sur Reagan qui devra attendre son tour pour leur répondre pendant quinze minutes ? » Et pourtant, l’absence de son champion se révélera catastrophique. George Bush écrase le débat, réduit son retard de moitié en deux jours dans l’Iowa et l’emporte finalement lors des caucus du 21 janvier 1980. Dans une phrase devenue depuis un gimmick des soirées électorales américaines, George Bush affirme alors – imprudemment au regard de la victoire finale de son opposant quelques mois plus tard – détenir le « Big Mo », le « grand élan ».
Malgré ce précédent, Donald Trump revendique haut et fort en 2023 le modèle du père fondateur de la révolution conservatrice des années 1980.