Fin septembre 2015, les États-Unis apprennent stupéfaits la démission du speaker de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner. Choisi en 2011 par ses pairs conservateurs, ce sémillant élu des banlieues bourgeoises de Cincinnati, dans l’Ohio, au teint toujours halé par la fréquentation assidue des golfs et des country clubs, était devenu le visage de l’opposition au président Barack Obama. Mais cette opposition s’était toujours voulue constructive et la démission de John Boehner est en ce sens sacrificielle. Il fait alors ce choix pour ne pas céder à la pression de la frange la plus droitière du groupe républicain, réunie depuis 2015 sous le nom de House Freedom Caucus. Cette minorité d’élus de droite radicale voulaient échanger la suppression totale du financement du Planning familial contre leur soutien à une rallonge budgétaire évitant une interruption des services de l’État fédéral par défaut de paiement, le fameux « shutdown ». Mené par l’élu de Caroline du Nord Mark Meadows, le House Freedom Caucus menaçait même, au cas où John Boehner essaierait de pactiser avec les démocrates, d’utiliser pour la première fois en un siècle la procédure dite de « motion to vacate the chair », la motion de destitution du speaker. Si le départ de John Boehner les prive alors de ce levier, Mark Meadows et Jim Jordan, l’autre cofondateur du House Freedom Caucus, parviennent néanmoins à empêcher le numéro 2 du démissionnaire, Kevin McCarthy, d’accéder au poste de speaker. Les républicains finissent ensuite par se coaliser autour de l’ancien candidat à la vice-Présidence en 2012, Paul Ryan. Les concurrents du parti à la présidentielle 2016, alors en pleine surenchère droitière, applaudissent à la démission de John Boehner, à commencer par Donald Trump, magnat new-yorkais en quête de crédibilité conservatrice.