Le 1er novembre, en pleine levée de fonds électoraux au Minnesota, le président Joe Biden est bruyamment interrompu par une rabbine, Jessica Rosenberg, lui réclamant un cessez-le-feu immédiat dans le conflit en cours dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas. Alors que Jessica Rosenberg est expulsée de la salle, Joe Biden, de fait, plaide pour une « pause » de la guerre, nécessaire, selon lui, afin de faciliter l’aide humanitaire et l’évacuation des étrangers bloqués dans la bande de Gaza.
Cette déclaration impromptue, réitérée les jours suivants par le secrétaire d’État Antony Blinken, est une évolution notable par rapport à la position résolument pro-israélienne de Joe Biden dans la guerre à Gaza. Depuis la monstrueuse attaque terroriste perpétrée le 7 octobre dans l’État hébreu par l’organisation fondamentaliste musulmane Hamas qui a massacré plus de 1 400 personnes, Biden affiche un soutien sans faille à la réponse militaire israélienne. Dès le 10 octobre, invoquant le souvenir de ses conversations de jeune sénateur avec la Première ministre israélienne Golda Meir en 1973, il assure que les États-Unis fourniront à Israël tous les moyens militaires nécessaires. Cette première déclaration de Joe Biden est suivie d’un voyage en Israël au cours duquel il affirme en privé à Benyamin Netanyahou et son gouvernement : « Je ne crois pas qu’il y ait besoin d’être juif pour être sioniste et je suis sioniste. » À son retour, Joe Biden fait un grand discours à la nation depuis le bureau ovale, le second seulement de son mandat, pour lier les deux nouvelles priorités de sa présidence en politique étrangère : la défense d’Israël est, dit-il, indissociable de celle de l’Ukraine, car la barbarie du Hamas et celle de Poutine seraient équivalentes dans leur haine de la démocratie. Et c’est pourquoi Joe Biden demande au Congrès une enveloppe budgétaire exceptionnelle de 106 milliards de dollars, mêlant les assistances militaires pour Israël et l’Ukraine.
Ce soutien déterminé de Joe Biden à Israël est aussitôt empreint de nuances, comme sur le nécessaire respect du droit international de la guerre par la démocratie israélienne. Mais il peut être perçu mi-octobre comme un appui au moins implicite à l’invasion terrestre de Gaza par Israël en dépit de ses conséquences dramatiques pour la population civile palestinienne.