Glencoe (Alabama), envoyé spécial
Catherine Owens réarrange les décorations d’Halloween qu’elle a méticuleusement installées sur son porche. Son chaton s’amuse à grimper sur des citrouilles en plastique, éclairées par la faible lueur d’une lampe installée près de la porte. Depuis plusieurs mois déjà, les lampadaires du trailer park de Glencoe, en Alabama, l’un de ces campements pour mobil-homes où s’entassent les classes populaires blanches américaines sans le sou, ont rendu l’âme. « Les gérants s’en fichent, ils ne viennent plus sur place, même pour collecter le loyer : on leur laisse désormais un chèque dans l’une des boîtes aux lettres prévues à cet effet à l’entrée », résume-t-elle. À la mort de son père, la petite dame à lunettes de 58 ans a récupéré la baraque en bois blanc où vivait sa sœur, seul moyen pour elle de trouver un logement avec les 12 dollars par heure (11 euros) qu’elle trime à obtenir au McDonald’s du coin. « C’était charmant auparavant, les routes étaient propres et nous avions l’impression de faire partie de la ville : nous sommes désormais des pestiférés », lâche-t-elle.
Depuis quelques années, la région de la Sand Mountain, située au pied des Appalaches, dans l’État très conservateur d’Alabama, est devenue une plaque tournante de la vente de méthamphétamine, cette drogue stimulante artificielle popularisée par la série Breaking Bad. Les incendies de laboratoires clandestins font régulièrement les gros titres des chaînes de télé locales.