Plus de deux ans après son arrestation par le FBI (lire l’épisode 2, « Tokyo Joe, le prince de la bolita »), Ken Eto, alias Tokyo Joe, s’est fait à l’idée de purger une peine de prison pour les chefs d’accusation portant sur la bolita. Il a accepté d’être jugé sans jury. Il n’y a personne pour assurer sa défense, mais il ne plaide pas coupable pour autant. Sommairement condamné le 18 janvier 1983, il acceptera la peine que le juge prononcera lors de l’audience de condamnation prévue le 25 février, quelle qu’elle soit. Ce ne sera pas une peine très longue.
Alors que Ken Eto met de l’ordre dans ses finances, il reçoit un appel téléphonique à son domicile : c’est Joseph Arnold, dit « Big Joe », le bras droit de Caesar DiVarco. Ce dernier veut le voir. Quand Ken Eto se rend chez le concessionnaire automobile du West Side le lendemain matin, il lui explique que Vince Solano, le grand boss pour les quartiers nord de l’Outfit, la mafia de Chicago, est inquiet. Cela fait un moment que Ken Eto ne lui donne plus de nouvelles, en plus de toute cette affaire d’inculpation fédérale. Ken Eto lui dit qu’il n’y a rien à signaler. Il n’a aucun jeu en cours, pas de policy racket, pas de bolita. Pas même de paris sportifs, alors que le Super Bowl se tient dans huit jours. Il sait qu’il va faire de la prison, et il y est résigné. Caesar DiVarco lui dit que Vince Solano insiste pour le voir quand même.
Le lendemain matin, Ken Eto se rend dans une cabine téléphonique et compose le numéro de la section locale du Syndicat international des travailleurs d’Amérique du Nord.