Dans la salle, les paillettes ont remplacé la grisaille de décembre. Sur les tables du Café de Paris, dans l’Est parisien, des miroirs, des pinceaux et des accessoires occupent tout l’espace. Sur scène, on procède aux derniers ajustements. Dans moins d’une heure, Hayden Lavidange lancera les premières performances du Cabaret des possibles, un show qu’il présente depuis 2020 sur cette scène drag du quartier de Ménilmontant où, ce 13 décembre, six artistes se succéderont. Parmi elleux, Miroslav Toi Les Mains gonfle ses derniers ballons. Ce drag king – qui performe les codes de la masculinité quand les drag queens le font sur les stéréotypes associés à la féminité – et clown performe depuis un an et demi entre Paris et Lyon. Une barbe style cartoon et des lipsyncs engagés ont fait sa marque de fabrique. « J’ai commencé à aller voir des drag shows y a dix ans, explique-t-il. J’avais envie de faire du drag, mais je savais pas trop par quel bout prendre le truc. » Pour Olga Auguste, militant·e queer féministe, 34 ans, le parcours est passé par les Sœurs de la perpétuelle indulgence, un groupe qui, habillé en religieuses fantasques, lutte contre toutes sortes d’exclusion et s’est fait connaître dans les années 1980 pour son engagement contre le sida. Mais c’est en mai 2022, à l’occasion de la crémaillère du king Lord Adam de Cœur que Miroslav Toi Les Mains, son nom de drag, ose faire sa première scène. Pour inaugurer leur nouveau appartement, iels ont fait une scène ouverte le soir de leur crémaillère. « Je me suis dit que ça serait un public captif, safe et que je ne prendrais pas trop de risques pour ma première perf, et voilà , je me suis lancé », raconte Miroslav Toi Les Mains.