Mon travail de fouille-merde a commencé au Havre, quand j’ai trouvé il y a quelques mois, sous les falaises-poubelles de Dollemard, des pierres tombales et de vieux bouchons balancés là il y a plusieurs décennies. Pendant des semaines, j’ai cherché des indices, à travers l’espace et à travers le temps, pour raconter leur histoire. Persuadé que les déchets que l’on trouve dans la nature ont beaucoup de choses à dire sur notre façon de consommer et de vivre, j’ai tenté ensuite de faire parler d’autres détritus, ramassés sur les plages du Havre puis en remontant le long de la Seine. Il y avait des granulés de plastique issus des usines du coin (lire l’épisode 8, « Total et ExxonMobil vomissent de la bille »), des petits camemberts de stations d’épuration (lire l’épisode 10, « La Seine vous présente son eau de toilettes »), pas mal de tas de débris venus de chantiers et même des poches de dialyse. Sans oublier la quantité impressionnante d’emballages plastique, allant de la bouteille de Coca (lire l’épisode 3, « Coca, zéro sur les déchets ») à l’insidieux film qui entoure les paquets de clopes. Tiens, en parlant de clopes, j’ai vu plein de mégots aussi (lire l’épisode 9, « Fleuve sans filtre »).
En marchant ou en roulant à vélo à la recherche de ces déchets, on a le temps de se poser pas mal de questions. Dans ma tête, ça tournait en boucle.