Qui jette des poches de dialyse dans la Seine ? Et d’où vient le scellé de La Poste numéroté « 464 068 » que j’ai trouvé en bordure du même fleuve ? Autant le concéder tout de suite, je n’ai pas réussi à le savoir. Depuis le début de mon enquête détritique, je constate que plus les déchets sont numérotés et identifiables moins il est facile de découvrir leur histoire. Les poches de dialyse retrouvées au printemps dernier en amont de Rouen, si flippantes soient-elles, ne dérogent pas à cette règle. Le nom du fabricant, Baxter, et des numéros de lot sont pourtant clairement lisibles sur ces poches. Mais c’est insuffisant pour la multinationale pharmaceutique, qui n’a pas été capable de retrouver le fautif. Elle s’est engagée à envoyer un courrier de sensibilisation à ses clients et à ses patients. La Poste, de son côté, me précise que ses salariés utilisent plusieurs dizaines de millions de scellés par an et commente : « C’est extrêmement regrettable d’en trouver sur les bords de Seine mais c’est exceptionnel, on a un process très précis pour recycler l’intégralité de nos déchets. »
Un peu vexé, j’ai décidé de continuer mes investigations en prenant le contre-pied de ces déchets reconnaissables et en m’intéressant à un objet produit par millions d’unités totalement identiques et universellement jetées dans la nature et sur les trottoirs : le mégot. Selon l’ONU, pas moins de dix milliards de cigarettes sont balancées chaque jour dans l’environnement.
Pour raconter cette histoire, il me faut convoquer ici Jean-Michel Laclope, un mélange caricaturé de tous mes amis fumeurs lorsqu’ils sont sur le point de finir une cigarette dans la rue.