Dans ma boîte aux lettres, la veille, j’ai trouvé l’information : un courrier du maire du XIe et une note « à l’intention des victimes et des impliqués ». Nous sommes « des impliqués », alors. Vous avez peut-être eu peur ou ressenti un danger, vous êtes peut-être blessé. Vous avez pu éprouver un choc ou un stress psychologique…
La cellule de soutien psychologique restera ouverte à tous tant que le besoin s’en fera ressentir.
Cela se passe dans la salle des fêtes, à la mairie du XIe. Personne ne relève l’ironie : quand c’est la crise, on squatte même les lieux dédiés à la célébration du bonheur. Je m’installe parmi d’autres dans le vaste couloir qui sert de salle d’attente. Je suis étonnée du monde. J’apprendrai que, chaque jour, 200 personnes viennent voir cette « cellule d’appui médico-psychologique pour les riverains et témoins ». En moins de trois semaines, 1 700 habitants vont solliciter ici l’écoute d’un médecin ou d’un psychologue. Une cellule a également été installée dans le Xe arrondissement, pour les riverains du Petit Cambodge, du Carillon, et de La Bonne bière, trois lieux attaqués par les terroristes.
Quand j’arrive à l’étage de la mairie, les lieux sont anormalement silencieux. Une bénévole de la protection civile m’invite à me signaler à l’accueil, mais elle s’adresse à moi en chuchotant.
En entrant, je me demande si je suis bien à ma place.