Voilà maintenant près de deux ans que la colère monte chez les chauffeurs Uber. Deux ans de manifs sporadiques, de berlines à l’arrêt enchevêtrées porte Maillot au petit matin, de chauffeurs adossés à leur voiture, racontant leurs galères d’une voix lasse (lire l’épisode 8, « Kamel, chauffeur Uber : “Je ne m’arrête même plus pour un vrai repas” »). Deux ans de groupes Facebook et de tweets pour appeler au boycott de la plateforme, de barbecues organisés par les syndicats devant le siège parisien d’Uber… Deux ans pour pas grand-chose. Les rassemblements, de plus en plus rares, ne réunissent désormais qu’un noyau dur de manifestants, quelques centaines tout au plus. Et l’embryon de négociations avec la plateforme n’a accouché d’aucune avancée majeure.
Ces derniers mois, plusieurs organisations se sont pourtant créées pour tenter de cristalliser les mécontentements, transformer les frustrations individuelles en une énergie commune. Le Syndicat des chauffeurs privés VTC (SCP VTC), rapidement affilié à l’Unsa, a été précurseur, dès 2015. Sa renommée doit beaucoup à son secrétaire général, le médiatique Sayah Baaroun. Un ex-chauffeur de grande remise – la préhistoire VIP des VTC (lire l’épisode 2, « Uber, histoire d’une licorne d’abondance ») –, au kit mains libres vissé à l’oreille gauche, pince à cravate et costume gris clair. Autre habitué des plateaux télé, Helmi Mamlouk, visage rond et sérieux derrière ses lunettes à fines monture, secrétaire général de Capa VTC.