La sonnerie du téléphone de l’unité
Accompagnée de Perrine Delforge, stagiaire à l’Usap, en master 1 de psychologie, ex-secrétaire médicale aux urgences en reconversion, elle se rend dans le bâtiment principal. Après quelques pas dans le froid, un tour en ascenseur, plusieurs dédales de couloirs, les deux femmes arrivent devant l’interphone des urgences gynécologiques. Dans une salle d’examen, Fatima Le Griguer-Atig s’installe pour procéder au premier entretien d’évaluation de la situation de Nathalie, patiente quinquagénaire. La psychologue se présente et pose quelques questions. Ses mots résonnent entre deux silences : « Vous subissez des violences ? »
Ce matin, il m’a dit qu’il allait me tuer.
Le regard triste derrière ses lunettes aux branches épaisses, Nathalie raconte qu’il y a eu beaucoup d’insultes, de violences verbales venant de son mari. Mère de deux enfants nés d’une première union, elle date la dégradation de sa relation à l’achat d’un bien en commun. Fatima Le Griguer-Atig lui demande doucement, en pesant chacun de ses mots, de quelle manière il s’en prend à elle et s’il l’a déjà menacée. « Ce matin, il m’a dit qu’il allait me tuer », souffle Nathalie, en frottant nerveusement ses mains sur sa jupe noire. Un jour, il l’a frappée, jetée par terre. Elle n’en avait parlé à personne avant aujourd’hui. « Comme j’ai dit à l’interne, je saignais depuis quinze jours, je me rappelais même pas que j’avais mis un tampon sur un autre. Je suis en arrêt maladie. Là, je suis épuisée. J’ai voulu lui rendre l’alliance ce matin. Je ne vais pas vivre dans la peur, dans la crainte, risquer la mort. »

La psychologue lui demande si elle a des idées suicidaires. Une fois, explique Nathalie, elle a été hospitalisée en psychiatrie à la suite d’un burn-out et son conjoint s’en sert comme une arme contre elle, disant qu’elle est « folle » et que c’est ce qui l’attend.