Le soin du psychotraumatisme est un chemin. À l’Usap, l’Unité spécialisée d’accompagnement du psychotraumatisme de l’hôpital Robert-Ballanger, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où Les Jours se sont installés pour cette série, le suivi se déroule sur plusieurs années et avec différentes étapes. Les séances individuelles sont un premier pas. Viennent ensuite les groupes de parole mensuels. Il en existe plusieurs centrés autour de thématiques : le deuil, les violences conjugales, les violences sexuelles, la souffrance au travail. S’ajoute l’atelier utilisant la peinture comme médium thérapeutique ouvert à tous et toutes.
L’Usap est l’un des dix centres dédiés à la prise en charge des victimes de psychotraumatisme, labellisé ainsi à l’été 2019, et engendrant des dotations de l’État. En parallèle, a aussi été créé un Centre national de ressources et de résilience (CN2R), piloté par Paris et Lille, avec plusieurs missions, dont la coordination des unités. Fatima Le Griguer-Atig, la psychologue qui a fondé l’Usap à Robert-Ballanger, aimerait que davantage de consultations du psychotraumatisme gratuites ouvrent sur le territoire, en zone rurale comme urbaine. Un besoin désormais criant alors que le ministère de l’Intérieur vient de dévoiler les chiffres officiels des féminicides pour 2019 : 146 femmes ont été tuées par leur « partenaire » (ex-conjoints ou conjoints), contre 118 en 2018.
Ce jour-là, nous retrouvons Lynda, survivante d’une tentative de féminicide en 2017, dont nous racontions l’histoire dans l’épisode 4. Elle vient à l’Usap pour sa séance hebdomadaire avec la psychologue. Dans la salle d’attente, Lynda fait face à une affiche sur laquelle un dessin d’enfant est surplombé des mots : « Un homme violent avec sa femme, c’est pas un bon père. » Aujourd’hui, Fatima Le Griguer-Atig va lui proposer de faire de l’EMDR, pour « Eye Movement Desensitization and Reprocessing ». Cette technique fait partie des thérapies cognitives et vise à stimuler sensoriellement, par des mouvements oculaires saccadés et des stimulations tactiles ou auditives. Elle est recommandée par l’Organisation mondiale de la santé depuis 2013, pour aider « à atténuer les souvenirs vivaces, non désirés et répétés d’événements traumatiques », indique l’OMS.

Fatima Le Griguer-Atig s’y est formée à la suite de son diplôme universitaire de victimologie : « Cela permet d’essayer de ramener les personnes dans l’ici et le maintenant. Les approches psychocorporelles comme celles-ci sont utiles car dans le traumatisme, il y a toujours effraction dans le corps. » Concrètement, l’EMDR peut se pratiquer avec des émissions de sons, des mouvements ou des tapotements faits par le ou la psychologue donnant lieu à un mouvement oculaire chez le ou la patient(e).