Quand Anaïs sort de chez elle en cette fin d’octobre glaciale pour se rendre à l’hôpital, elle ne sait pas ce qui l’attend. Il y a deux jours, son ex-conjoint rôdait encore dans sa rue. Pourtant, il a été condamné cet été pour violences conjugales à son égard et il a l’interdiction de l’approcher. Anaïs, la trentaine, a rendez-vous à 9 heures à l’Unité d’accompagnement spécialisée du psychotraumatisme (Usap), où la psychologue Fatima Le Griguer-Atig la suit depuis quelques semaines. Mais en cette veille de confinement, c’est une policière qu’elle va rencontrer.
Quand la gardienne de la paix sort de chez elle en cette fin d’octobre glaciale pour se rendre à l’hôpital, elle ne sait pas ce qui l’attend. En jean brut slim et Converse noires et blanches, arme au ceinturon sous son manteau mi-long gris, Coralie B., 27 ans dont huit de police, va tenir pour la première fois une permanence, hors du bureau de son commissariat, pour des femmes victimes de violences conjugales. Les services de police et de gendarmerie ont enregistré 125 840 cas pour 2019. Ce qui est très différent du déclaratif : entre 2011 et 2017, chaque année en moyenne, 219 000 femmes se sont dites victimes de violences dans le couple. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur comptabilise 146 femmes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit 25 de plus que l’année précédente.
Certains agents doutent de la véracité des faits, ignorent les violences en prenant des mains courantes à la place de plaintes ou font des remarques. […] Prendre le temps d’écouter, dans un endroit calme, déjà connu de la patiente, va permettre une audition dans la bienveillance.
Cela fait plus d’un an que la psychologue Fatima Le Griguer-Atig, coordinatrice de l’Usap, unité intégrée à l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), travaille à la mise en place de cette permanence policière.