Les vieux et les malades d’abord ! Sur ce point, aucune tergiversation à déplorer : les autorités françaises ont rapidement désigné les prioritaires parmi les aspirants à la vaccination. Les « plus de 75 ans » constituent les plus nombreuses victimes du virus ; c’est à eux qu’il faut accorder les premières piqûres disponibles. Élémentaire, mon cher Pasteur ? Non. En réalité, de savants calculs se cachent derrière cette fausse évidence. Des calculs, ou plutôt des modèles, les fameux modèles mathématiques dont dérivent les scénarios épidémiologiques, et que Les Jours vous décryptaient par le menu (informatique) au printemps dernier (lire l’épisode 68 d’En quarantaine, « Déconfinement : le gouvernement joue aux maths à modeler »).
Ce sont eux, les modèles, qui avaient anticipé la circulation du virus dans le monde à partir de Wuhan dès les premières alertes. Eux qui avaient entrevu d’emblée le risque de saturation des hôpitaux. Eux, encore, dont les projections alarmantes avaient conduit les autorités à confiner sévèrement le 17 mars 2020 quand la première vague s’annonçait. Eux, aussi, sur lesquels s’appuyait la décision de déconfiner partiellement, deux mois plus tard. Jamais leurs auteurs n’ont été autant mis en avant dans la communauté scientifique. Jamais cette discipline n’a joué un rôle aussi important que dans cette pandémie, et pour cause : devant un virus inconnu aux caractéristiques déroutantes, on ne peut se résoudre à combattre à l’aveuglette.