De quoi se plaignent les migrants coincés à Vintimille ? Ils ont un toit, et solide qui plus est. En béton épais, planté sur d’énormes piliers, qui fait « clong-clong » quand des voitures passent dessus. C’est un bout d’autoroute, dans un triste décor urbain d’entrée de ville, sous lequel ils dorment, vivent et rêvent, dans le lit presque à sec de la Roya qui vient ici finir son cours dans la Méditerranée. Comme il n’y a pas de mur, le vent s’engouffre en ce mardi matin. Tout près, le train qui part pour la France les nargue en sifflant. Ils l’empruntent parfois, pour souvent se faire refouler. Alors ils reviennent, dépités, comme Haidar, 30 ans. « J’attends pour m’échapper à nouveau », dit cet homme, soudanais comme la plupart de ces exilés, qui voit Vintimille comme une prison.
Ils étaient neuf partis à pied par la montagne en suivant la vallée de la Roya, qui devient française quand on la remonte, et où certains habitants les accueillent, comme on vous le raconte depuis deux mois dans cette série des Jours. Sept sont passés, pas lui. Quand il a été arrêté au bout de ces efforts, il avait la faim et la rage, « hungry and angry » : « J’avais pas mangé depuis deux jours. Je me suis direct endormi dans la voiture de l’armée. » Expulsé, il va recommencer. Depuis 2014 sur les routes, Haidar a traversé la Méditerranée « sur un bateau en bois avec 85 personnes » pour débarquer en juin à Lampedusa, l’île italienne proche de la Sicile. Il réussit à positiver :