«Presse écrite, radios, chaînes de télévision, maisons d’édition de livres, agences de communication, jeux vidéo, instituts de sondage, salles de spectacle… En quelques années, Vincent Bolloré a constitué un empire médiatique tentaculaire au service de ses ambitions idéologiques réactionnaires.
Rien que dans le monde de l’édition, il possèdera bientôt plus de 70 % des livres scolaires, la moitié des livres de poche, une centaine de maisons d’édition, avec un quasi-monopole sur la distribution des livres.
Cette concentration de médias est sans précédent dans notre histoire. Elle renverse les principes démocratiques garantis depuis la Seconde Guerre mondiale, et tous les progrès de la liberté de la presse, du droit d’informer et des médias. Sous nos yeux incrédules se déroule une révolution rétrograde qu’il est urgent d’empêcher.
Depuis la Libération, il est pourtant acquis que l’information n’est pas un objet commercial mais un instrument de culture. Il est entendu qu’elle ne peut remplir sa mission que « dans la liberté et par la liberté ». Il est clair qu’elle est libre quand elle ne dépend « ni de la puissance gouvernementale ni des puissances d’argent mais de la seule conscience des journalistes et des lecteurs » (déclaration des droits et des devoirs de la presse libre, 1945).
Cette tradition démocratique, essentielle à l’État de droit, est aujourd’hui menacée. Le pluralisme du débat n’a plus de sens lorsqu’un groupe concentre autant d’organes d’information et d’édition sous sa fortune et ses ordres. La liberté des journalistes et des auteurs n’existe plus lorsque les rédactions et les maisons d’édition sont ainsi mises au pas. Quel sens y a-t-il à parler d’indépendance d’une information soumise à la volonté d’un seul homme ?
Auditionné par les sénateurs, Vincent Bolloré a prétendu que ses motivations n’étaient pas politiques mais strictement économiques. Pourtant, une idéologie mortifère est martelée chaque jour dans ses médias
Le paroxysme est atteint sur CNews, où la polémique outrancière tient lieu de débat, le choix des invités fait fi du pluralisme, et la ligne éditoriale montre une obsession pour les thèmes d’extrême droite. La chaîne devient le lieu de diffusion de discours haineux, racistes, homophobes, sexistes, celui de la promotion d’entrepreneurs identitaires, de l’incitation à la violence, celui de la banalisation du complotisme, du négationnisme climatique, finalement celui du triomphe du préjugé contre la science et la vérité. En rupture avec toute déontologie journalistique, il ne s’agit plus d’informer les citoyens mais de transformer les esprits.
Pour parvenir à ses fins, Bolloré emploie les méthodes qui ont fait sa réputation dans le milieu des affaires : casse sociale et management par la terreur. Combien de journalistes licenciés dans ses médias pour avoir osé exercer leur liberté professionnelle ? Combien d’auteurs privés de publications ? Combien d’intimidations via des poursuites judiciaires abusives ?
L’empire Bolloré est cette entreprise visant à utiliser le pouvoir économique, pour asservir l’information, en vue d’acquérir le pouvoir politique et d’instaurer une hégémonie liberticide et antidémocratique.
Le collectif StopBolloré, né de la volonté d’un front de la société civile, en défense de la démocratie et de l’État de droit, est déterminé à dénoncer et à entraver ce processus. Rendez-vous le 16 février 2022. »
Premiers signataires :
Attac, Ant Éditions, Blast, Intérêt à agir, Éditions Agone, Éditions du détour, Fakir, Fédération internationale des journalistes, Fédération européenne des journalistes, Fédération nationale de la maison des potes, Fondation Copernic, Informer n’est pas un délit, La maison des potes, La Revue dessinée, Regards, AOC, Syndicat national des journalistes, Syndicat national des journalistes CGT, les Cemea, Les Jours, L’Observatoire des multinationales, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, Prix Albert-Londres, Reflets.info, Société des personnels de L’Huma, Tu piges, Union syndicale Solidaires, Youpress… (liste complète à retrouver sur la page Facebook du collectif)