La maltraitance des personnes âgées, ça suffit. Voyez ce brave monsieur de 69 ans qui s’apprête, c’est même pour le 17 février prochain, à prendre une retraite bien méritée, après avoir œuvré à « créer un champion de la culture européenne, de la culture française » « face à la culture américaine et asiatique », à la tête d’un « petit nain », le « tout petit » Vivendi (lire l’épisode précédent, « Bolloré, un “nain” puissant au Sénat »). Eh bien, le 19 janvier dernier, cet inoffensif vieillard, le Sénat l’a torturé pendant deux bonnes heures ! Scandaleux. Hélas, nous aurions bien voulu ne pas avoir à en rajouter mais voilà : Vincent Bolloré a menti. En bons citoyens que nous sommes, il nous paraissait impensable de ne pas le dénoncer, d’autant que mentir au Sénat, outre que c’est super mal, est puni par la loi : sept ans de prison et 100 000 euros max. Pourtant, Vincent Bolloré a levé la main droite, face à la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias, et il a dit « je le jure », mais non, ce n’était pas que la vérité, rien que la vérité. Nous, on le jure, et on va le cracher ici.
« Vivendi, c’est un petit nain »
« Nous sommes minuscules. » Ainsi Vincent Bolloré a-t-il terminé la présentation de ses slides destinées à prouver à la commission d’enquête sénatoriale que Vivendi est une petite chose inoffensive à laquelle il s’agirait de foutre la paix. À l’appui de cette démonstration, un graphique digne des heures les plus sombres de la Cogip qui compare à l’aide de cercles les capitalisations boursières d’entreprises allant d’Apple (2 812 milliards de dollars) à Vivendi, en passant par Amazon (1 676 milliards de dollars), Tencent (586 milliards de dollars), Disney (287 milliards de dollars), Netflix (238 milliards de dollars), Comcast (233 milliards de dollars), Sony (156 milliards de dollars). Autant dire qu’à l’extrême droite (du graphique, hein, n’y voyez aucun mauvais esprit), le cercle Vivendi auréolé d’un mignon drapeau tricolore avec ses 15 milliards de dollars est tout mini. L’astuce est un peu grossière, si on peut se permettre, qui consiste à se comparer aux seuls mastodontes mondiaux alors que ce qui intéresse la commission d’enquête est la concentration des médias qui s’évalue au niveau national, voire européen. Et que l’enjeu des concentrations en cours est franco-français avant tout puisque vont s’affronter à terme TF1-M6 fusionnées aux médias de Vivendi (Canal+, CNews, C8, Europe 1…) dans un duopole on ne peut plus franchouillard.