Donald Trump et Kamala Harris jouent mardi soir leur ultime face-à-face dans un moment politique de haute brutalité. En jeu : la présidence des États-Unis, avec deux issues possibles. Celle du républicain, plus à droite, dangereux et égocentrique que jamais, ou celle de la démocrate qui, à quelques heures du dernier round, peine encore à rallier ses propres électeurs. La tension est à son comble et Les Jours sont sur le pont pour vous raconter tout ça en analyses érudites de Corentin Sellin (lire l’épisode 153, « “L’omniprésence de Trump donne l’impression de vivre une histoire qui ne finit jamais” »), en reportages sur le terrain de Mehdi Bouzouina et en live dans This is America. À la veille du scrutin, revivez une campagne marquante et pleine de rebondissements. Et rendez-vous toute la semaine pour suivre sur votre média préféré ce vote historique.
2024 : une année chargée pour les États-Unis. Non seulement c’est celle de la présidentielle, mais aussi celle des multiples procès de Donald Trump. Falsification des comptes de campagne, manipulation présumée des résultats de l’élection de 2020, complot contre les États-Unis lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, recel de documents classifiés… Les accusations portées contre l’ancien Président sont graves et auraient pu entraîner de lourdes conséquences. Mais, début juillet, l’immunité présidentielle accordée par la Cour suprême, dominée par ses juges conservateurs, bouleverse le cours d’une élection des plus incertaines (lire l’épisode 29 de la saison 3 de This is America, « Trump décroche un totem d’impunité »).
Quelques jours après cette décision historique, le 13 juillet, Donald Trump échappe de peu à une tentative d’assassinat lors d’un meeting en Pennsylvanie, un swing state crucial pour les deux camps. Fidèle à son image de showman, Trump se redresse rapidement, poing levé devant les caméras, drapeau américain flottant en arrière-plan (lire l’épisode 30 de la saison 3 de This is America, « Trump, toujours le poing levé »).
Les démocrates le demandaient depuis des mois, le retrait de Joe Biden est annoncé le 22 juillet. Une santé vacillante due à son âge avancé, des finances en berne et le lâchage de son parti ont eu raison de la candidature de l’encore président des États-Unis. Face à Donald Trump, la vice-présidente Kamala Harris prend le relais et doit parvenir à se faire connaître des Américains autrement que comme une Californienne progressiste et déconnectée de l’électeur ordinaire. Et tout cela en un peu plus de cent jours (lire l’épisode 31 de la saison 3 de This is America, « Joe se retire, Kamala arrive »).
Face à un Donald Trump qui joue sur le pessimisme et la noirceur, Kamala Harris opte pour une campagne centrée sur… la joie. Et ce pari semble payant : sa quête de la présidence démarre sous de bons auspices, avec des sondages encourageants, y compris dans les États décisifs. Ne manque plus qu’un élément : le programme (lire l’épisode 32 de la saison 3 de This is America, « Kamala Harris : il était une joie en Amérique »).
En septembre, les deux candidats se livrent enfin à un débat télévisé, quelques jours après que le colistier de Donald Trump, J. D. Vance, a lancé une fake news honteuse sur les immigrants haïtiens. Relayée des dizaines de fois, cette désinformation raciste n’entache, aux yeux de leurs électeurs, ni la réputation, ni la crédibilité du duo républicain. Mais Kamala Harris ne lâche pas l’ancien Président, le ramenant systématiquement à ses outrances et ses mensonges (lire l’épisode 1 de la saison 4 de This is America, « Kamala Harris victorieuse d’un débat dans le vide »).
Parmi les électeurs de Donald Trump, l’enthousiasme n’est plus le même qu’en 2020. En Alabama, un bastion de Trump, l’envoyé spécial des Jours, Mehdi Bouzouina, est allé à la rencontre des « white trash », ces Américains blancs et pauvres qui vivent dans des parkings de mobil-homes (lire l’épisode 7 de la saison 4 de This is America, « En Alabama, les “pestiférés” des mobil-homes »).
S’il y en a un qui croit et œuvre pour la victoire de Donald Trump, c’est bien Elon Musk. Le milliardaire, patron de X, a pris les rênes de la campagne républicaine, confiée à des sous-traitants pour encourager l’inscription des électeurs. Il offre désormais un million de dollars par tirage au sort pour motiver l’électorat. Qui a dit propagande ? (lire l’épisode 8 de la saison 4 de This is America, « Trump, son show Musk go on »)
Côté démocrate, les militants quadrillent les territoires des swing states, comme ceux de l’Arizona. Quitte à passer pour des opportunistes politiques, notamment auprès des Amérindiens, dont le vote est crucial, mais qui sont désormais sensibles aux sirènes trumpistes. En 2020, le vote navajo avait fait basculer l’État conservateur du côté de Joe Biden. Aujourd’hui, rien n’est moins sûr (lire l’épisode 10 de la saison 4 de This is America, « En Arizona, la bataille du vote navajo »).
La campagne, d’une intensité sans précédent, touche à sa fin. Elle est le reflet de la brutalisation de la vie politique américaine et de l’incapacité croissante du pays à dialoguer. Mercredi, les États-Unis découvriront qui, de Donald Trump ou de Kamala Harris, dirigera le pays pour les quatre prochaines années. Mais jamais ils n’auront été aussi divisés (lire l’épisode 9 de la saison 4 de This is America, « Trump et Harris font ennemi-ennemi »).