Avertissement : cet épisode décrit des violences sexuelles.
Laureen Lecacheur avait choisi « un tailleur pantalon très classe, acheté neuf pour l’occasion ». En pantalon, elle serait « plus prise au sérieux », se disait-elle. Puis elle s’est ravisée. « L’ensemble était rose et réhaussait mes seins, je ne voulais pas qu’on me trouve vulgaire. Et puis si je me pointe en rose, ils vont croire que je les bobarde. » Comment s’habille-t-on pour prouver qu’on est victime ?
C’est la première fois qu’elle la revoit. Le 25 avril 2024, dans les locaux du conseil départemental de l’Ordre des médecins du Var, à Ollioules, Laureen patiente à quelques mètres de la docteure R., la gynécologue qu’elle accuse de l’avoir violée trois ans et demi plus tôt, à l’hôpital Sainte-Musse de Toulon, lors d’un examen médico-légal consécutif à un autre viol perpétré par un homme (lire l’épisode 3, « “Toute l’équipe médicale entre mes jambes, j’ai eu l’impression de me faire violer” »). « Brushing impeccable, vêtements de marque » ; elle décrit une médecin souriante. Son aplomb la « remplit de colère ». « Je voudrais disparaître quand je croise son regard », raconte la jeune femme de 28 ans, qui, « quitte à être remise en question », a finalement choisi une tenue de randonnée. 10 h 15, elle prend place dans la salle d’audience, « très stressée ». Personne n’a pu ou voulu l’accompagner. Elle se sent « seule », à découvert dans son short de trek.
Face à elle, la docteure R., accompagnée du directeur adjoint de l’hôpital où elle exerce et trois médecins de l’ordre, chargés de la « gestion des plaintes ».