Entre l’obscur dossier d’un jeune adulte contre qui sa mère a porté plainte parce qu’il a mis le feu à sa chambre et celui d’un conducteur ivre qui a percuté à 140 km/h une Kangoo avant de ricocher contre un bus, il y a l’affaire de cet artisan à l’air mal assuré. Ce vendredi de janvier, il avance d’un pas lourd vers la barre lorsque son nom retentit dans la 16e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Face à cet homme né en 1976, il y a son épouse, le regard fixe. L’an passé, elle a porté plainte contre lui pour « des coups de poing, de pied, des claques ». Il est poursuivi pour « violences habituelles commises par conjoint ». « Habituelles», parce qu’elles durent depuis dix-sept ans, affirme sa femme. Lui reconnaît la majeure partie des faits, même s’il tournicote, nuance et baisse la tête quand les actes reprochés semblent particulièrement graves.
« Combien de fois avez vous exercé des violences contre votre femme ? », demande le juge. « Pas autant qu’elle le dit, tente le prévenu. Peut-être deux fois par semaine. » « Ça fait cent fois par an pendant dix-sept ans, ça fait beaucoup, calcule le magistrat. Vous l’auriez aussi frappée si vous n’obteniez pas de faveur sexuelle. Pourquoi êtes vous violent avec votre femme ? » L’homme argue vaguement de désaccords sur la tenue du foyer, de soucis au travail, de quelques disputes.