CentraleSupélec, Polytechnique, AgroParisTech… Dans les grandes écoles d’ingénieurs, c’est une rentrée cruciale pour les directions qui veulent éviter une année aussi terrible en matière de violences sexistes et sexuelles que la précédente. Car avec la reprise des cours s’ouvre ce que l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes nomme la « zone rouge », c’est-à-dire la période comprise entre septembre et novembre, durant laquelle les étudiantes et étudiants sont le plus susceptibles de subir des violences sexistes et sexuelles, notamment lors des week-ends d’intégration. Lors de l’année scolaire 2021-2022, les enquêtes internes quantifiant le phénomène dans ces établissements se sont multipliées, mettant au jour les efforts impératifs qui doivent être faits dans ce sens.
À CentraleSupélec, vingt-huit viols ont été recensés par une enquête interne rendue publique en octobre 2021. Sur les 659 étudiants ayant répondu à ce questionnaire destiné à mesurer l’ampleur des violences sexistes et sexuelles, 71 ont également rapporté avoir été victimes d’agressions sexuelles. « Il y a eu une phase de sidération où personne ne voulait y croire », raconte Aurélie Metzelard, étudiante et membre de l’association ÇaPèse, qui milite pour l’égalité femmes-hommes dans l’école. L’année scolaire passée a ainsi été ponctuée de résultats d’enquêtes rapportant des faits particulièrement graves. Au mois d’avril 2022, c’était au tour de Polytechnique de présenter ses conclusions : une étudiante sondée sur quatre avait ainsi été victime d’agressions sexuelles depuis le début de sa scolarité et onze viols ou tentatives de viol ont été constatés sur l’ensemble des promotions. À AgroParisTech, le rapport publié en juin 2022 faisait état de dix-sept cas de viols. En juin, l’Institut d’optique Graduate School dénombrait trente agressions sexuelles et neuf viols. Si les chiffres donnés pour chaque établissement sont difficilement comparables, les effectifs des promos étant très variables, tous ont permis de mettre en lumière l’ampleur des violences sexistes et sexuelles dans les grandes écoles. À la suite de ces faits, le parquet d’Évry (Essonne) a ouvert sept enquêtes pour viols au sein de Polytechnique, l’École normale supérieure Paris-Saclay et CentraleSupélec.
Deux autres établissements ont des résultats malheureusement pires.
« La chose que ça a permis, c’est la prise de conscience », martèle Marie Bresson, déléguée à la diversité à Polytechnique, interrogée par Les Jours.