Le sale boulot

À bientôt 30 ans, Clémence Joz, grande et brune, a d’abord effectué un stage à l’AVFT pendant ses études d’avocate. Après un mémoire sur le harcèlement sexuel au travail, elle passe le barreau mais réalise rapidement que la vie de cabinet ne la tente pas. Il y a deux ans, elle met donc ses talents au service de l’association. D’un calme olympien lors des récits des victimes, on la voit régulièrement, derrière le combiné, lever les yeux au ciel quand leur situation la désespère. La juriste participe presque physiquement aux entretiens, notamment lorsqu’elle se rapproche du combiné, la poitrine appuyée sur son bureau, comme pour accompagner les femmes qu’elle écoute.

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Directrice générale de l’AVFT, elle est le visage de l’association. D’abord bénévole chargée de la communication et de la création du site internet, elle a ensuite été recrutée pour s’occuper du plaidoyer et des relations avec les institutions. Puis elle a fini par récupérer les dossiers d’une collègue qui s’en allait. « Je n’avais pas de formation en droit au départ, j’étais la première recrue sur le pari de la présidente de l’époque, Catherine Le Magueresse, qui avait beaucoup de mal à trouver des juristes avec un profil adapté au travail dans une association militante. » L’idée est simple : recruter des membres provenant d’autres horizons, pour prouver que tout le monde peut « prendre le droit ». Pari réussi, si l’on en croit les quinze années déjà passées par Marilyn Baldeck au sein de l’association.

Retrouvez tous les épisodes avec Marilyn Baldeck.

Avocate de formation, elle est juriste pour l’AVFT depuis 2013. À ses heures perdues, elle est aussi investie au sein d’une autre association d’aide aux femmes victimes de violence. Un engagement quasi viscéral, qui se ressent lorsqu’elle peste à voix haute contre les arguments adverses alors qu’elle relit certains dossiers pour préparer un procès ou des entretiens avec les victimes : « Non mais alors là, ils n’ont pas honte ! », n’hésitant pas à prendre à partie son interlocutrice de son ton un peu rauque. Souvent, c’est à elle que revient la mission de plaider au nom de l’association. Il n’est pas rare d’ailleurs de la voir traîner tard le soir dans les locaux, ses cheveux attachés laissant voir son crâne rasé sur le côté.

Retrouvez tous les épisodes avec Laure Ignace.

Plutôt petite, les cheveux courts, la voix douce, elle incarne « la terreur des harceleurs », comme l’a surnommée Grazia dans un article de 2016. Ce que ne manque pas de lui rappeler en pouffant Laure Ignace, avec qui elle défend Anne, une animatrice accusant son supérieur d’agressions et de harcèlement sexuel – il a été blanchi aux assises pour les faits de viols. Avocate en droit du travail, elle s’est spécialisée dans la défense des femmes victimes de violences sexuelles dans le cadre de leur emploi. Et collabore donc très régulièrement avec l’AVFT. Son nom résonne d’ailleurs très souvent dans les locaux de l’association, lorsqu’on cherche une conseil pour une victime ou qu’on se demande qui suit telle ou telle affaire.

Retrouvez tous les épisodes avec Agnès Cittadini.

« Expliquer cent fois les mêmes choses, ça ne me pose pas de problème », assure-t-elle dans un sourire. Formatrice à l’AVFT depuis juin 2018, Isabelle Pineau a derrière elle un long parcours d’engagement sur les questions d’égalité femmes-hommes, sur lesquelles elle assurait déjà des sensibilisations, du côté de Rennes. Elle n’a d’ailleurs pas complètement quitté la Bretagne depuis son arrivée au sein de l’asso, puisqu’elle vit la semaine en petite couronne parisienne et saute dans le TGV sitôt le week-end arrivé pour rejoindre l’Ille-et-Vilaine. Intimement convaincue de l’importance du travail à abattre sur les violences sexuelles en entreprise, elle apprécie les publics réceptifs, avides de question. Mais s’en veut encore du déroulé tendu de la dernière session à la tour Eiffel. « Face à l’hostilité, certaines sont peut-être moins déstabilisées. »

Retrouvez tous les épisodes avec Isabelle Pineau.