S’il faut reconnaître une chose aux manifs de droite, c’est que les gens sont polis. Vous effleurent-ils à peine d’un parapluie qu’ils se confondent aussitôt en excuses. Mais les voilà illico après vociférant : contre Juppé, contre Macron, contre les journalistes, contre les chaînes info, ahlala les chaînes info. « On en a ras-le-bol des chaînes info, vitupère ainsi une femme s’adressant à qui veut l’entendre. Et la présomption d’innocence ? Il y a tout de même une loi contre le harcèlement ! » Sous son chapeau de pluie, la dame est indignée, très indignée, même. Et ce dimanche, la place du Trocadéro l’est tout autant où, d’un groupe à l’autre, le peuple filloniste se rassérène en échangeant les mêmes arguments – Juppé, Macron, les journalistes. Ils sont d’accord dans leur rancœur, ça les réconforte. Les banderoles étaient interdites par l’organisation, s’agissait pas que le mot d’ordre initial contre les juges apparaisse à l’écran. À la place, des drapeaux français, et uniquement des drapeaux français, aimablement et gracieusement fournis par l’équipe : c’est ça qu’il faut sur les chaînes info, une marée d’oriflammes portant le candidat, leur candidat. À la télé, où s’est postée une moitié des auteurs, c’était réussi. Au Trocadéro, où s’est postée l’autre moitié, ça fulminait sous l’écume bleu-blanc-rouge.
Sur BFMTV, il n’est pas encore 15 heures et pour les images en bleu-blanc-rouge espérées par l’équipe Fillon, on n’y est pas encore : le bleu est présent, le blanc itou ainsi que le rouge, mais les couleurs sont diluées dans la foule encore clairsemée.