François Fillon, c’est une drogue et une drogue dure. On le voyait en inoffensif hobereau ? Voilà que, lors d’un meeting, il se décrit en « combattant balafré » qui « ne baisse pas la tête devant les balles de [s]es adversaires » (ce qui, à notre avis, est un chouille imprudent). On le pensait second rôle dans un Chabrol ? Tu parles, c’est un Thénardier en costume Arnys sur mesure et sur facture acquittée par un ami fortuné, Robert Bourgi. Depuis le 25 janvier et les premières révélations du Canard enchaîné, depuis que chaque jour en dévoile un peu plus sur le candidat des Républicains (mercredi, on apprenait ainsi que sa fille lui a prêté 30 000 euros pour payer ses impôts), la moindre de ses apparitions télévisées est un happening. Et voilà déjà quatre jours depuis le débat télé où il apparut total zombifié qu’on n’a pas eu notre dose de Fillon. Mais ouf, il était ce jeudi soir l’invité de L’Émission politique sur France 2. Et comme il fallait se préparer à tout avec un Fillon qui n’a plus rien à perdre, un épisode de Volte-face sur la campagne en direct s’imposait. Les Jours se sont collés à la fois devant la télé et sur Twitter, sa caisse de résonance. Fillon entre quatre yeux : une expérience limite à vivre en replay.
21 h 10 : « Je ne vais pas parler des affaires judiciaires »
Heu, pardon, mais on était là avec Fillon et Pujadas, on commençait déjà à s’assoupir quand soudain, coup de tonnerre, comme on dit à la télé : David Pujadas, sitôt le démarrage obligé de l’émission sur l’attentat de Londres, embraye aussitôt sur les délicatesses judiciaires de François Fillon. Ça c’est le premier coup de tonnerre, alors que le sujet n’avait été abordé, dans le débat présidentiel de lundi, qu’avec « une pudeur de gazelle » pour reprendre l’expression de Jean-Luc Mélenchon (lire l’épisode 5, « Le club des cinq et l’incroyable débat »). Le second, c’est encore du David Pujadas : « Je ne vais pas parler des affaires judiciaires, dit la vedette de la chaîne publique, les journalistes ne sont pas des magistrats. » Ah bon, voilà, on va aller se coucher alors ? Petit sourire étonné de Fillon. Qui, interdit et en pilote automatique – comme aux 24 heures du Mans, huhu – embraye et répond quand même. Le naze. « Est-ce que je suis, puisque c’est la question que vous posez, corrompu ? » C’était pas la peine, François…

C’est un spectacle toujours étrange.