Clope au bec et bière à la main, ils se sont tassés sur ce bout de trottoir des beaux quartiers du VIe arrondissement de Lyon comme on poireaute devant une boîte de nuit. Arrive Antoine Henaff, 21 ans, pack de 1664 sous le bras. Pour le lancement de la campagne des Jeunes avec Wauquiez à Lyon ce premier vendredi d’octobre, le responsable des Jeunes Républicains du Rhône a fait venir au siège de la fédération une quarantaine de militants âgés de 18 à 30 ans. Des étudiants pour la plupart. Le noyau dur, ceux qui restent, malgré le traumatisme Fillon et les défaites aux dernières élections.
Élu député en 2004, benjamin de l’Assemblée nationale à 29 ans, Laurent Wauquiez se teignait, d’après Le Monde, les cheveux en poivre et sel pour paraître plus expérimenté. Mais aujourd’hui, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes entend bien se servir de la jeunesse pour prendre la tête de la droite. « Ici, nous avons entre 700 et 1 000 adhérents aux Jeunes Républicains, je pense que 95 % d’entre eux soutiennent Laurent Wauquiez », estime au doigt mouillé Antoine Henaff, petites lunettes rondes sur le nez et col de chemise sorti sur son pull bordeaux. Pour beaucoup, Laurent Wauquiez incarnerait le « renouveau » tant espéré.
Les portes du local s’ouvrent enfin. On s’installe comme on peut, coincés entre le bar et les cartons de tracts. « T’es dans quelle école ? » Entre deux bouchées de chips, on parle études d’ingénieur, de commerce, de droit ou de pharmacie. On discute boulot autour du cubi de rouge, on s’échange des cartes de visite.

Ambiance mi-soirée étudiante, mi-Rotary. « On a l’impression que c’est l’élite française qui se réunit, les fils de riches, mais ici, vous avez plein de jeunes d’horizons très différents », veut pourtant croire Antoine Henaff. Fils de cadres, lui-même a grandi dans la très bourgeoise ville thermale de l’Ain de Divonne-les-Bains, à la frontière suisse. Comme beaucoup ici, il suit des études de droit, mais se défend d’être un cliché du jeune de droite. « On n’arrive pas tous avec nos petits costards-cravate, nos chaussures de costume, cathos bien-pensants et mèches bien coiffées. »
La crainte de paraître déconnecté de la réalité des Français, Laurent Wauquiez connaît bien, lui qui tente systématiquement de gommer son passé de premier de la classe. « C’est peut-être le plus diplômé de la classe politique actuelle », estime ainsi Serge Monnier, ancien maire UDF du Puy-en-Velay, entre 1995 et 2001.