Sous la parka

Bien né (à Lyon), d’un père directeur de banque et d’une mère cadre à Antenne 2, Laurent Wauquiez grandit à Paris, où il fréquente le prestigieux lycée Louis-le-Grand, la khâgne d’Henri-IV, l’École normale supérieure, Sciences-Po, avant de sortir major de promo de l’ENA en 2001. Stagiaire du ministre UDF Jacques Barrot au milieu des années 1990, il devient le plus jeune député de France en 2004 en remportant la première circo de la Haute-Loire. En 2007, il est porte-parole du gouvernement Fillon II. Élu maire du Puy-en-Velay l’année suivante, nommé deux fois ministre, ce Sarkoboy entame alors un virage droitier qui ne s’est pas démenti depuis. En 2015, il prend la tête de la nouvelle grande région Auvergne-Rhône-Alpes au nez et à la barbe des précédentes majorités socialistes. Au sein du parti LR, il devient secrétaire général, vice-président puis président (intérimaire) de 2014 à 2016. Une fonction qu’il brigue aujourd’hui avec toute l’ardeur qu’on lui connaît. Laurent Wauquiez a la gagne, Laurent Wauquiez ne chôme pas.

Retrouvez toutes les séries avec Laurent Wauquiez.

Elle est « celle qui [l]’ancre dans le réel », répète à l’envi le candidat aux journaux people. Comprendre : elle gère l’intégralité de la logistique domestique. Les amoureux se sont rencontrés lorsqu’ils étaient élèves du prestigieux lycée parisien Louis-le-Grand. Née Deregnaucourt, diplômée de droit, de Sciences-Po et d’une école de commerce, Charlotte devient madame Wauquiez en 2001. Administratrice au Sénat, elle partage son (mi-)temps entre leur appartement parisien et leur maison du Puy-en-Velay, où sont scolarisés Baptiste et Louise, les préados du couple. Charmante avec le peuple et affable avec la presse, elle ne boude aucun événement officiel, qu’il s’agisse d’un dîner habillé à l’Élysée ou de la fête costumée du Roi de l’Oiseau au Puy-en-Velay. « Sans elle, je ne peux rien faire », soulignait Laurent Wauquiez en préambule de son discours du mont Mézenc, le 3 septembre. Réussir à lui faire enfiler un collant Renaissance une fois l’an semble suffisant pour assumer sans broncher la charge mentale le reste de l’année.

Retrouvez tous les épisodes avec Charlotte Wauquiez.

Première adjointe au maire de Bordeaux chargée de l’économie, de l’emploi et de la croissance durable, Virginie Calmels est l’une des anciennes patronnes de Canal+ et d’Endemol. Spécialiste du plan social en mode commando, elle a créé à la fin de l’année 2016 « DroiteLib », un mouvement politique « proFillon », avant de congédier trois mois plus tard le candidat LR cerné par les affaires, en lui retirant son soutien. Son nouvel allié ? Wauquiez, à qui la juppéiste est venue faire allégeance dans son fief auvergnat, au pied du mont Mézenc, alors qu’il lançait sa campagne. À cette occasion, sous le regard bienveillant de son associé, elle déclarait au sujet des Constructifs : « Ils se sont appelés comme ça, parce qu’opportunistes, ce n’était pas très vendeur. » Elle est connaisseuse.

Retrouvez tous les épisodes avec Virginie Calmels.

Le porte-flingue de Nicolas Sarkozy est devenu vice-roi d’Auvergne. Numéro trois de la région, délégué à l’aménagement du territoire et à la solidarité avec les territoires auvergnats, l’ex-ministre de l’Intérieur veille jalousement sur son pré carré. Sur des terres traditionnellement socialistes et giscardiennes, il incarne la droite qui cogne, celle des « valeurs » chères à Laurent Wauquiez. Discret, voire absent des débats régionaux, il a apporté son soutien au président de région en qui il voit « du Chirac sur la forme et du Sarkozy sur le fond ». Dans la bouche de Tonton, c’est un compliment.

Retrouvez tous les épisodes avec Brice Hortefeux.

Ancien journaliste politique du journal local Le Progrès, il a viré sa cuti pour rejoindre l’écurie Wauquiez en 2016. Directeur de cabinet adjoint du président de région, il est tout spécialement chargé des relations avec les médias nationaux. C’est lui qu’on harcèle de textos pour avoir une réponse après deux relances à notre mail envoyé il y a trois semaines pour une demande d’interview qui aurait dû avoir lieu il y a quatre jours. Geoffrey, si vous nous lisez…

Retrouvez tous les épisodes avec Geoffrey Mercier.

Il serait tombé dedans tout petit. Pas une représentation publique sans que Laurent Wauquiez n’arrive à placer, au détour d’un discours ou d’une conversation, le produit phare de son fief des monts du Velay. Sans conteste savoureuse, la légumineuse a récemment trouvé un VRP plus efficace encore que le président de région : le prince George. Pour son premier repas à l’école maternelle, l’héritier du trône d’Angleterre s’est vu servir un plat de lentilles vertes du Puy. La cote de la spécialité made in Haute-Loire serait depuis montée en flèche.

Retrouvez tous les épisodes avec La lentille du Puy.

On reconnaît certains hommes politiques à leurs tics de langage, d’autres à leur silhouette. Laurent Wauquiez s’est distingué par son vestiaire. La légende dit que sa première parka rouge lui a été offerte par sa femme lors de la campagne pour les municipales en 2008. « Elle m’a porté chance et c’est mon emblème à moi », a-t-il raconté… à Closer. Elle est devenue son signe distinctif, des comices agricoles à la salle des Quatre Colonnes de l’Assemblée nationale. Elle lui permet d’être facilement repérable sur les photos-brochettes de la presse locale. Une manière d’occuper le terrain alors qu’il passe une partie de son temps à Paris, loin de sa région. Mais, stupeur, lors de sa traditionnelle ascension du mont Mézenc puis dans les travées du sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand, Laurent Wauquiez arborait une simple veste de costume sur chemise blanche. Or, la météo frisquette du Mézenc se prêtait tout à fait au port de la parka. Elle aurait été tout aussi appropriée à Clermont entre deux stalles à taureaux limousins. Nous nous préparions donc à porter le deuil du manteau-star, quand soudain, le 11 octobre… Lors du dépôt des parrainages pour l’élection du président des Républicains, la parka était de retour avec son propriétaire. Ouf. Ce feuilleton politico-textile est à suivre en exclusivité sur Les Jours.

Retrouvez tous les épisodes avec La parka rouge.

Président de la Fédération de chasse de Loire depuis 2004, devenu président de la fédération régionale en 2007, Gérard Aubret se trouvait en treizième position sur la liste de Laurent Wauquiez dans le département de la Loire lors des élections régionales de 2015. Ce fan de Marcel Pagnol a fait l’intégralité de sa carrière dans l’enseignement, de la maternelle à l’IUFM. Son rêve : reproduire le doublé de bartavelles, le fameux coup du roi qui fait, dans le roman, la gloire du père du petit Marcel.

Retrouvez tous les épisodes avec Gérard Aubret.

Impliqué au sein du mouvement associatif de protection de l’environnement depuis 1974, Éric Feraille, médecin chercheur en néphrologie à l’université de Genève, est le président de la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature) depuis 2010. Pour le clan Wauquiez, il représente l’abominable Khmer vert élitiste qui s’engraissait sur le dos de la précédente majorité socialiste : « Leurs conventions à eux, estime Gérard Aubret, le patron des chasseurs, c’était d’aller entendre la chouette la nuit, écouter la rivière. Le bois m’a parlé, la rivière m’a causé : allez, deux millions d’euros et pas de bilan derrière, rien. » « Pourquoi tant de haine ? », lui répond Feraille.

Retrouvez tous les épisodes avec Éric Feraille.

Du mont Mézenc aux couloirs de l’hôtel de région, il n’est jamais très loin de son mentor (et son éternelle marinière avec). À 24 ans, le président des Jeunes avec Wauquiez a été son assistant parlementaire avant de devenir l’un de ses conseillers techniques à la région. Mêmes intonations, même jeunesse insolente, le doctorant en droit originaire de l’Ain est pressenti pour prendre la tête des Jeunes Républicains après la mise à l’écart de son ex-présidente, partie chez les Constructifs. Mais qu’on ne lui parle pas d’un début de carrière, lui préfère le terme de « bénévolat » au service d’un « mai 68 à l’envers ». Copie conforme, on vous dit.

Retrouvez tous les épisodes avec Aurane Reihanian.

Stéphanoise de naissance, elle devient en 2008 adjointe à la culture à Villefranche-sur-Saône (Rhône), le fief de l’inamovible député LR Bernard Perrut. Après avoir soutenu Laurent Wauquiez pendant la campagne régionale, elle devient, à 47 ans, vice-présidente chargée des lycées, le deuxième poste de dépenses de la région après les transports. Une marque de confiance.

Retrouvez tous les épisodes avec Béatrice Berthoux.

C’est la « perle secrète » de Wauquiez pour le site d’investigation Mediacités, qui en a révélé le rôle clé au sein du laboratoire d’Auvergne Rhône-Alpes. Ce spécialiste de la carte électorale, incontournable chez Les Républicains, proche de l’ancien secrétaire d’État cantalien Alain Marleix, a rejoint Laurent Wauquiez en avril 2016. Officiellement, comme « responsable du service de relation aux élus », un simple poste de fonctionnaire. Officieusement, comme l’un des plus proches conseillers du président de région, chargé de gérer les subventions entre les élus du territoire et les différents services.

Retrouvez tous les épisodes avec Ange Sitbon.

Florence Verney-Carron a baigné très tôt dans la politique. Diplômée de Sciences-Po Lyon, elle est conseillère municipale de Caluire-et-Cuire (Rhône) à seulement 23 ans. Mais elle opte finalement pour la communication, en créant l’agence Communiquez, intégrée en 2014 à l’ogre lyonnais GL Events. Avec son mari, elle se passionne aussi pour l’art contemporain. Le couple possédera une galerie à Lyon, et contribuera à créer Docks Art Fair, un rendez-vous important de galeristes internationaux lors de la Biennale d’art contemporain lyonnaise. Ce qui, aux yeux des artistes et des acteurs culturels, légitime cette proche de l’ancien président socialiste de la région, Jean-Jack Queyranne. En tant que vice-présidente à la culture, elle est intervenue à plusieurs reprises pour sauver des festivals menacés, parfois face à Laurent Wauquiez. Menaçant même de démissionner si on touchait à la programmation de certaines institutions. « Elle mouille la chemise », glisse un fonctionnaire de son service.

Retrouvez tous les épisodes avec Florence Verney-Carron.

Après Collomb et Wauquiez, Philippe – alias Monseigneur – Barbarin, 67 ans, est sûrement l’une des figures les plus emblématiques de Lyon. En 2015, Lyon Mag le consacre « Lyonnais de l’année ». On le disait même, un temps, « papable ». Décrit comme un homme brillant mais clivant, le cardinal est partout, auprès des chrétiens d’Irak exilés, défilant dans les rangs de la Manif pour tous ou officiant au vœu des échevins, chaque 8 septembre, pour bénir la bonne ville de Lyon. Depuis janvier 2016, Barbarin est sous les feux des projecteurs pour des raisons bien plus sombres. Il est accusé de ne pas avoir dénoncé des affaires d’agressions sexuelles au sein de son diocèse, comme l’ont révélé Mediapart et les auteurs de La mécanique du silence (JC Lattès, 2017). En septembre 2017, des victimes de l’association La Parole libérée ont engagé une nouvelle procédure pour le citer à comparaître devant la justice des hommes.

Retrouvez tous les épisodes avec Philippe Barbarin.

« Je vais passer sous un tunnel, c’est vrai, je vous assure. » Pour mettre fin à une interview des Jours, Anne Lorne est prête à tous les stratagèmes. Déléguée nationale de Sens commun jusqu’en 2016, elle assure désormais avoir pris ses distances avec le mouvement politique issu de la Manif pour tous, dont elle fut la coordinatrice régionale, avant d’être repérée par le clan Sarkozy. Nommée en 2015 secrétaire nationale chargée de la petite enfance au sein du parti de droite, conseillère régionale LR d’Auvergne-Rhône-Alpes, Anne Lorne aime se présenter comme « issue du monde de l’entreprise ». Cette ancienne vendeuse à domicile de produits ménagers haut de gamme est la fille de Patrick Louis, un souverainiste engagé auprès de Philippe de Villiers. Chrétienne militante et twitteuse sans filtre, elle lutte contre la droite « tiède ». Lors des élections législatives de 2017, alors qu’elle était en bonne position, le débarquement des Marcheurs et des Insoumis l’a empêchée de rafler la 1e circonscription de Lyon, où elle misait sur la présence de la communauté catholique traditionaliste. Habituée des raouts à la basilique de Fourvière, Anne Lorne est l’ordinatrice du jumelage entre le diocèse de Lyon et celui de Mossoul, en Irak, notamment destiné à porter secours aux chrétiens d’Orient.

Retrouvez tous les épisodes avec Anne Lorne.

Discret mais à l’affût, le Lyonnais Jean-Jack Queyranne a gardé un strapontin à l’hôtel de région d’Auvergne-Rhône-Alpes en tant que conseiller régional du groupe des socialistes, démocrates, écologistes et apparentés. Président du conseil régional de Rhône-Alpes de 2004 à 2015, il participe désormais aux commissions sur les affaires culturelles et sur la sécurité. Docteur en sciences politiques, Jean-Jack Queyranne a participé à la fondation du PS au congrès d’Épinay en 1971. Député dès 1981, il participe au gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002) et devient ministre des Relations avec le Parlement en 2000. Dans une tribune piquante publiée sur Le Monde, Jean-Jack Queyranne n’a pas manqué de dresser un bilan négatif des 100 premiers jours de Laurent Wauquiez. Le socialiste craint les dérives populistes et le flirt avec le Front national, à l’approche d’élections cruciales pour Laurent Wauquiez. Et il a de quoi être vacciné. Tête de liste pour les élections régionales en 1998, Jean-Jack Queyranne avait pâti de l’alliance de Charles Millon, le président sortant, avec le FN. Un épisode encore traumatisant pour les élus locaux.

Retrouvez tous les épisodes avec Jean-Jack Queyranne.

Encarté au Modem, passé dans sa jeunesse par le cabinet de François Bayrou, l’élu savoyard a fait figure de prise de guerre centriste lors de la campagne de Laurent Wauquiez en 2015. Quelque semaines avant son ralliement, le maire de La Ravoire, à côté de Chambéry, n’avait pourtant pas de mots assez durs contre le candidat LR, à qui il reprochait « un discours ultra-clivant qui prête le pas aux rassemblements homophobes, europhobes et islamophobes ». Devenu vice-président aux transports du conseil régional, il se présente finalement aux législatives de 2017 sous l’étiquette du Rassemblement En marche. Devenu député, il quitte l’exécutif régional, officiellement en bonne entente avec le patron de la région. Peu bavard sur Laurent Wauquiez, il lâche seulement ce commentaire dans un article du Monde : « Avec ses plus proches, il peut être cruel. »

Retrouvez tous les épisodes avec Patrick Mignola.

Maire de Divonne-les-Bains et ex-député LR de l’Ain (2002-2016), Étienne Blanc rejoint Laurent Wauquiez en janvier 2016 en tant que premier vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, chargé des finances et de l’administration générale. Dans le cas d’un départ anticipé et élyséen de Laurent Wauquiez avant 2021, cet élu méconnu mais respecté pourrait prendre la tête de la deuxième plus grande région de France.

Retrouvez toutes les séries avec Étienne Blanc.

À 31 ans, cette tête pensante est la directrice de cabinet de Laurent Wauquiez depuis septembre 2016, succédant à son homme de confiance, Arnaud Beuron. En interne, les agents de la région Auvergne-Rhône-Alpes reconnaissent son professionnalisme. Tout comme les élus de l’opposition. « Valérie de Sutter est très présente, elle est accessible. Je la trouve pas mal car elle a une vraie qualité : elle est cash. Elle ne prend pas de gants », s’amuse Cédric Rousset, secrétaire général du groupe Parti radical de gauche. Formée à Sciences-Po puis à la London School of Economics and Political Science, elle est unanimement décrite comme une « bosseuse ». Formée à l’école Wauquiez de Paris à Lyon, elle a été sa collaboratrice au sein de ministères sous Sarkozy, puis à l’Assemblée nationale. Avant de devenir sa directrice de campagne aux élections de 2015. Son poulain vainqueur, elle est désormais installée au cinquième étage de l’hôtel de région. De quoi faire tourner la baraque lorsque Laurent Wauquiez est en campagne pour Les Républicains.

Retrouvez tous les épisodes avec Valérie Oudinot de Sutter.