Le rideau s’ouvre sur Walk On The Wild Side, de Lou Reed. D’un pas décidé, Laurent Wauquiez s’avance sur le tapis rouge de cérémonie, entouré des étudiants de l’école de cinéma la CinéFabrique. Ce 8 octobre 2016, le public de la halle Tony-Garnier, venu en nombre pour l’ouverture du Festival Lumière, soudain, se raidit. Pour sa première édition en tant que président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez est hué, sifflé, au milieu de stars du cinéma, tel Quentin Tarantino. Sur scène, Gérard Collomb se régale. Dans son discours, l’alors maire de Lyon nargue Wauquiez : lui est arrivé au bras de l’actrice italienne Monica Bellucci – « le meilleur moyen d’être certain de se faire applaudir », expliquera-t-il un peu plus tard. Enfoncé dans son fauteuil, Laurent Wauquiez ne s’en relève pas.
Cette année, alors que la région investit pas moins de 250 000 euros dans le festival de cinéma dirigé par Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier, Laurent Wauquiez a soigneusement évité le déplacement. Préférant envoyer sa vice-présidente à la culture, Florence Verney-Carron. « Quand il a été sifflé au Festival Lumière l’année dernière, on est passés ce jour-là tout près de la catastrophe pour l’ensemble de la profession, confie le directeur d’un festival de cinéma de la région. Il était furieux. »

Entre le candidat à la présidence des Républicains et le monde culturel d’Auvergne-Rhône-Alpes, c’est un mariage de raison, plus que d’amour. Une idylle forcée, douloureuse, nourrie de craintes et d’inconnues. De nombreux acteurs culturels contactés par Les Jours, et non des moindres, préfèrent parler sous couvert d’anonymat, de peur de perdre leur financement régional. « On tremble tous les ans pour les subventions. Et on a toujours des réponses hypertardives. C’est peut-être une crainte qu’on se construit parce que c’est Wauquiez. Mais cette peur vient de cette attente », explique le directeur d’une manifestation locale. « Lors de notre première rencontre, Laurent Wauquiez m’a dit qu’il n’avait rien contre la culture. Ça m’a marqué, car c’est une phrase de défense. De quelqu’un qui comprend bien que le milieu de la culture lui est hostile. C’était comme s’il voulait donner une preuve d’amour », ajoute un autre directeur de festival. De la peur à l’amour. Le président de région sait qu’il doit séduire et convaincre dans un secteur où son prédécesseur, Jean-Jack Queyranne, ancien secrétaire national à la culture du PS, a su s’imposer.
Il m’arrive parfois de penser que dans notre époque contemporaine il n’y a pas assez de Tintin. Des personnages un peu tout fous, qui partent à l’assaut des méchants.
Plus à l’aise pour discourir sur la sécurité ou la lentille du Puy, Laurent Wauquiez se fait plus rare pour étaler ses préférences artistiques.