Tiraillé entre libéralisme et laïcité, le féminisme turc est malmené par la poussée conservatrice.
Son rôle dans la série.
Les universitaires qui s’intéressent aux sciences politiques et suivent avec attention la vie parlementaire turque parlent d’elle avec beaucoup de respect. Melda Onur a la réputation d’être une femme courageuse, pas prête à n’importe quelle concession pour conserver son siège. C’est peut-être pour cela qu’elle n’a gardé qu’un mandat, de 2011 à 2015, son mandat de députée CHP. Elle n’était pas destinée au départ à la politique. Elle a longtemps été journaliste économique, bien placée pour savoir que son pays n’a pas attendu Erdogan pour avoir des soucis avec la démocratie. Son père était militaire, ce qui lui a vécu une enfance baladée au quatre coins de la Turquie. Sa mère élevait les enfants. La famille était proche du CHP, le parti laïc au pouvoir de 1923 à 2002. Elle, a fait des études de sciences politiques, s’est spécialisée dans les relations internationales, a décroché une bourse du gouvernement français pour venir s’initier aux administrations de droit public. Puis elle est devenue journaliste économique. Elle dit : « J’ai toujours connu la censure. J’étais reporter et j’ai failli être virée plusieurs fois pour des papiers qui déplaisaient. Aujourd’hui, c’est devenu strictement impossible d’écrire sur les compagnies ou les hommes d’affaires proches du pouvoir. Il n’y a plus de censure : les journalistes anticipent, ils n’écrivent plus. Erdogan contrôle de toute façon tous les patrons de presse. »
Par Olivier Bertrand