Vols de dépouilles et d’objets sacrés, recherches eugénistes… En Suède, le dernier peuple autochtone d’Europe court après son histoire.
Son rôle dans la série.
Poétesse et plasticienne, Rose-Marie Huuva est une artiste renommée de la communauté sâme suédoise. Elle explore les différentes facettes de la culture sâme et expose les sombres méandres du passé colonial des pays scandinaves. En tant que poétesse, elle écrit en sâme du Nord puis se traduit elle-même en suédois. « Conserver notre langue de génération en génération est une lutte constante », dit-elle. À la fin des années 2000, elle convainc le Parlement sâme de Suède de faire de de la restitution des dépouilles volées dans les cimetières sâmes aux XIXe et XXe siècles une priorité. À force de lettres, de pétitions et d’interpellations publiques, elle obtient l’attention de Stockholm et des musées du Sud. Pour elle, l’affaire est personnelle. Car ce sont probablement les crânes de ses ancêtres qui ont ainsi été emportés par une expédition scientifique de 1915 dans le cimetière de Rounala, à l’extrême nord du Sapmi suédois. Longtemps conservés dans les archives du musée d’Histoire, dans la capitale suédoise, ces ossements ont été rapatriés à Jokkmokk, où ils attendent encore que le gouvernement suédois autorise leur inhumation.