Le 27 mai 2013, des citoyens décidaient de braver Erdogan. Trois ans plus tard, l’abattement a gagné les militants.
Son rôle dans la série.
La vie de Sedef a changé au printemps 2013, lorsque les évènements du parc Gezi ont « mis l’activisme au centre de [sa] vie ». Depuis, elle enchaîne les boulots alimentaires dans la traduction pour gagner de quoi militer le reste du temps. Elle est lesbienne, activiste LGBT. Et depuis les municipales de 2014, conseillère municipale d’Istanbul. Être élue parce que lesbienne est un évènement en Turquie. « Cela vient de Gezi. De l’éveil démocratique qu’a constitué ce mouvement. » La décision d’entrer en politique a été prise collectivement. L’un de ses amis proches devait se présenter, il s’est tué dans un accident de la route, elle a décidé d’assumer la suite. Ils auraient pu adhérer au HDP, qui représente de nombreuses minorités. Mais ils voulaient obtenir des élus, se disaient que le CHP, vieux parti laïc un peu poussiéreux, pouvait se changer de l’intérieur. Elle vient de la classe moyenne, n’a jamais manqué de rien mais n’a jamais eu trop d’argent à dépenser. Les parents voulaient que leurs filles soient fortes, indépendantes, qu’elles ne dépendent jamais d’un mari. Pour Sedef, c’est doublement réussi.
Par Olivier Bertrand