C’était il y a trois ans. Pour défendre quelques arbres dans le parc Gezi, planté sur un vieux cimetière arménien dans le centre d’Istanbul, un mouvement de protestation se transformait en vaste résistance, fédératrice, joyeuse, créatrice, contagieuse, faisant peur au pouvoir et donnant beaucoup d’espoir aux militants, dans un pays plus habitué jusque-là aux coups d’État qu’aux révoltes populaires. Trois ans plus tard, Gezi est devenu un nom commun, les militants turcs parlent de l’esprit de Gezi
, s’appellent encore les « gezici », les « gezica » (prononcer « gezidji » ou « gezidja »). Enfants d’un moment mythique, différent, qui ressemble assez peu aux printemps arabes. La Turquie émergeait alors économiquement, sortait de quelques années marquées par des avancées démocratiques qui ont peut-être attisé les envies de liberté. Gezi a bouleversé la vie de beaucoup de ceux qui l’ont vécu et demeure un moment-clé pour comprendre où en est la Turquie aujourd’hui.
Cette première fois, je suis restée jusqu’à 3 heures, puis je suis revenue tous les jours.
Ce 27 mai 2013, Buket Türkmen fait cours à l’université de Galatasaray.