B : Ohlala Thomas je crois qu’il y a confusion, là c’est marqué que je dois faire une chronique sur Shazam. T’es sûr de ça ? Je crois qu’il y a erreur sur la personne. Ou le film. Ou le plan astral. C’est pas un film qui rentre automatiquement dans mes bonnes grâces.
T : Mais enfin Benjamin, si si, c’est marqué, tu t’es engagé, il faut faire la critique là.
B : Vous êtes de sacré petits veinards, car il se trouve que j’ai vu le film. Que ce n’était pas une expérience particulièrement infamante, mais qui n’a pas cassé moult pattes à moult canards. J’ai personnellement appris l’existence du film Shazam trois bonnes semaines avant sa sortie, et rien, je dis bien rien n’était sexy sur le papier. Je dois confesser une allergie caractérisée aux films de la franchise DC. Mes camarades actuels et passés des Croissants sont parfois plus généreux ou plus diplomatiques sur la question. Je trouve la majorité des films du MCU médiocres, mais tous ceux de l’univers DC sont horrifiques, et personne ne me rendra les quinze heures perdues devant Man Of Steel.
T : Hein, 15 heures ? Mais il durait seulement deux heures vingt, Man Of Steel.
B : Seulement deux heures vingt est une suite de mots un peu improbable, mon bon Thomas. Je crois qu’une vieille malédiction Maya empêche DC de faire des films de moins de 150 minutes parce que c’est le cas pour Shazam. Un superhéros de la franchise sus-nommée, qui me fait beaucoup penser à Kickass, le film sorti en 2010. Y’a des ponts à faire : un nullos bien ancré dans l’american way of life devient superfort, y’a tout un rapport avec Youtube et les réseaux sociaux, et c’est traité à la légère, sans grande gravité. Ah oui, et Mark Strong joue un méchant vraiment très très méchant dans les deux. Mais surtout, dès sa bande-annonce, Shazam joue une carte très très très dangereuse.
T : Dangereux et radical, tu veux dire comme Deadpool ?
B : C’est ça ouais. (/s) Les deux films Deadpool de Sony – c’est une honte. Ca joue la carte du héros radical et iconoclaste, et ça te sort des poncifs comme le pouvoir de la famille ou de l’amitié qui guérit plaies et trous dans le scénario. Et je connais l’aura du comic que je sais bien meilleur. Les films de super héros qui jouent la carte du second degré, c’est quelque chose de super fragile, l’équilibre n’a pas encore été trouvé. Mais, il y a un résidu d’espoir dans Shazam, alors accrochez-vous.
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B : Alors Shazam. Un film de David Sandberg. Connu pour… Annabelle 2. Bon. Le scénario est un peu spécial. On commence dans le temps passé où Thaddeus Sivana, alias Tad, fait un trajet en voiture avec sa méchante famille. Il est transporté dans un temple bordelpunk, où on trouve toutes les esthétiques du monde, c’est pour ça que j’aime dire bordelpunk ou bazarcore. Bref il fait la rencontre d’un sorcier avec le logo d’Harry Potter sur le torse. Et il soumet Taddheus à une épreuve pour jauger la pureté de son âme et lui filer ses supers pouvoirs. Epreuve qu’il va louper, et relouper dans le temps présent puisqu’il va consacrer sa vie à récolter des fonds secrets de super méchant pour faire un labo de super méchant pour retrouver ce sorcier et lui piquer ses pouvoirs, ne vous posez pas de questions c’est magique.
T : Mais ça c’est le tout début du scénario. On sait même pas qui c’est, Shazam.
B : Shazam c’est la figure du super héros, elle doit être incarnée. Et le personnage choisi c’est Billy Batson, interprété par Asher Angel. Il a été abandonné par ses parents, et il navigue de familles en familles d’accueil. Mais ne craignez rien, il va trouver un nouveau foyer de substitution, étrangement bienveillant, avec cinq autres enfants d’âges variés tous plutôt sympas et avenants. Billy va être invoqué par le sorcier pour défaire le méchant Tadd et ses sept monstres qui représentent les péchés capitaux agrougroum. Je crois que celui avec une longue langue en tentacule de poulpe représente la luxure.
T : Ouhla attention on a déjà 30 signalements CSA depuis le début de cette phrase !
B : Bref, j’aime aussi penser à ceux qui nous écoutent très tard. Il n’a qu’a dire Shazam, et il devient un superhéros baraqué, superfort, superrapide, invincible et yadda yadda. Il reste mentalement un gosse, et évidemment tout le deuxième acte du film c’est lui qui fait joujou avec ses pouvoirs.
T : Oui, c’est une structure classique. On explique, on fait joujou, puis c’est la bagarre. Je sens que Shazam n’y coupe pas.
B : Non, mais il prend son temps, le salaud, car le film est INTERMINABLE MES AÏEUX. Deux heures dix quand même, on pourrait couper une demi-heure. Mais il passe plutôt vite, car Shazam est un film relativement ludique, qui trouve un début d’équilibre entre humour forceur et humour tout court. Entre les deux, la ligne est très fine, et Shazam se débrouille pas mal. Mais sa qualité alpha, et je ne sais pas si c’est une vrai qualité mais elle est là, c’est de ressembler à un film sorti des années 90. En témoigne la présence de Jack Dylan Grazer, un super bon enfant acteur et qui joue dans les deux reboots de Ca. Le clown Ca. Ce garçon est une espèce de caution nineties à lui tout seul parce qu’il ressemble beaucoup à Fred Savage, enfant acteur connu de l’époque. Dans son humour, dans sa réalisation et son timing, Shazam essaie d’invoquer les grands classiques du passé et ça marche un petit peu.
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B : Shazam c’est long, c’est un tout petit peu drôle, mais j’y vois surtout une meilleure version de KickAss. Une version qui se passerait à Philadelphie. Dans les deux films, on a les couloirs de l’école, le training montage, les réseaux sociaux, le méchant par Mark Strong, tout y est. L’humour forceur, un peu moins, heureusement. Et l’interprétation de Zachari Levi, qui joue Billy lorsqu’il est Shazam, est potable. Fort potable. Il fait le taf, il gesticule, il donne de sa personne, il fait un peu Ryan Reynolds version du pauvre.
T : Alors, est-ce que Shazam est recommandé par les Croissants ?
B : C’est loin d’être un chef d’œuvre, ça peut passer avec des enfants ou des gens très ouverts ou très tolérants, et ça peut titiller votre fibre, comme dire ? “Film des nineties qu’on rediffuse à Noël” comme l’a récemment fait Bumblebee. Shazam est un film moyen plus d’où transpire une volonté de bien faire, de ne pas transcender les choses mais de bien faire. Pourquoi pas donc… mais ohala c’est long.
T : Merci Benjamin pour cette chronique. Tu as un mot fétiche sur lequel tu voudrais rebondir ? Qui te transforme en super héros ? Bazinga, peut-être ?
B : Sur mon cadavre !
« Shazam » : DC Comics a-t-il trouvé la formule magique pour sauver son univers cinématographique ?
Avec le film « Shazam », les studios rattachés à l’éditeur DC Comics s’essayent à la comédie superhéroïque pour sauver son univers cinématographique déclinant. Et apparemment, ça marche, puisque Benjamin Benoit est revenu de sa séance pas mécontent.
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