C : On est fin décembre, on a tous ressorti nos plus beaux pulls de Noël et on est prêt, justement, à regarder les pires téléfilms de Noël du monde, sur TF1 ou M6. Mais ne nous précipitons pas, puisqu’en novembre 2017, Netflix a sorti le grand jeu avec A Christmas Prince, son premier film original de Noël. Un gros carton inattendu, qui a un peu rendu les gens fous, sur Twitter notamment. Le succès a été tel qui Netflix en a sorti une suite en décembre, A Christmas Prince : The Royal Wedding. Oui, oui, un mariage royal. Toujours prête à se sacrifier pour nous, Morgane Giuliani les a regardés, et en fait, elle en a redemandé. Bonjour Morgane, tout va bien ?
M : Ah mais oui, ça va très bien ! Je suis très heureuse de pouvoir, enfin, vous parler de A Christmas Prince, que j’ai adoré, et de sa suite, que j’ai un peu moins adorée. Ce film a été réalisé pour Netflix par Alex Zamm, un Américain spécialiste des films direct to download. Le pitch : une aspirante journaliste maladroite, Amber, qui travaille pour un horrible magazine people imaginaire, se retrouve à couvrir le couronnement de Richard, le prince héritier du royaume - là aussi fictif - d’Aldovie. Un prince qui avait fui ses obligations pour, semble-t-il mener une vie de playboy. C’est en tout cas ce que racontent ces salauds de journalistes. Mais une fois sur place, le prince plante la presse. N’écoutant que son professionnalisme, Amber ne se démonte pas, pénètre dans le château royal, et prise de court, se fait passer pour la nouvelle institutrice de la princesse Émilie. Et là, bien sûr, c’est le début d’une grande enquête de journalisme digne des Hommes du Président. Ou pas.
EXTRAIT 1
M : Pour vous la faire courte : Amber et Richard se rapprochent de plus en plus, alors que la journaliste s’enfonce dans ses mensonges, et sympathise avec la famille royale. En comparaison, Bridget Jones c’est Elise Lucet. Amber n’a pas d’éthique - elle ment - mais elle est aussi complètement nulle : elle prend des photos et vidéos presque sans se cacher, avec le bruit de l’objectif enclenché, ses notes n’ont aucun sens, et elle n’écrit quasiment rien. C’est assez désespérant.
C : Rien ne colle, rien n’a de sens dans A Christmas Prince.
M : Rajoutez une romance à l’eau de rose qui sent la naphtaline, et vous tenez le meilleur film de Noël de ces dernières années. Tout oppose Amber et Richard ; leur milieu social, leur look, leur éducation, leur tempérament. En plus, il faut le dire, il y a quand même assez peu d’alchimie entre les deux acteurs, qui étaient d’ailleurs complètement inconnus au bataillon : Rose McIver et Ben Lamb. On essaie si fort de nous faire croire à cette romance que tout relève du second degré, où la direction d’acteurs est assez catastrophique.
C : Si je te comprends bien, A Christmas Prince est le genre de film tellement nul qu’on ne peut pas s’empêcher de le regarder.
M : Exactement, et c’est à ça qu’on reconnaît un vrai bon nanar : il arrive à être très satisfaisant même en étant poussif. Et puis, A Christmas Prince est réconfortant, car on les connaît, toutes ces ficelles. On est en territoire conquis, et parfois, c’est plaisant de se laisser porter par des histoires faciles, de laisser un peu son bon goût de côté. En ce qui me concerne, je l’ai complètement abandonné, et j’ai même regardé A Christmas Prince trois fois en l’espace de quelques semaines. Et je n’ai presque pas honte de le dire.
EXTRAIT 2
C : Et tu n’avais pas été la seule à tomber dans le piège de ce film de Noël.
M : Loin de là. Encore une fois, c’est difficile d’avoir une estimation puisque Netflix ne révèle jamais les audiences de ses programmes, originaux ou pas. Mais l’engouement suscité par A Christmas Prince a quand même pu se mesurer aux milliers de tweets postés sur le film, et les dizaines de critiques publiées par des sites, parfois assez sérieux comme Vulture, quand même. Le constat était unanime : c’est nul, mais qu’est-ce que c’est bien, souvent assorti d’un top 10 des moments les plus cultes.
C : Et alors, ça donne quoi, cette suite ?
M : Comme le suggère très subtilement le titre, A Christmas Prince : The Royal Wedding, se concentre sur le mariage royal entre Richard et Amber. J’avoue que cette fois, la magie opère moins bien. Il n’y a pas vraiment de moment culte, comme une bataille de boules de neige filmée au ralenti, pas beaucoup de bons sentiments. Et il y a encore moins d’alchimie entre les deux acteurs que dans le premier film, ce qui paraissait impensable.
EXTRAIT 3
C : Cette suite tombe cette fois maladroitement dans la caricature.
M : Notamment à travers un personnage de styliste indien, ou pakistanais, on ne sait pas, qui en fait trop et a un accent tellement fake qu’on pourrait le couper à la hache. On aurait pu se passer de ces clichés qui frôlent le racisme. Mais, ce qui fait rire, quand même, c’est que Amber essaie vraiment de se prendre pour Elise Lucet. Elle mène en secret une enquête sur des soupçons de détournement d’argent au sein de la famille royale d’Aldovie.
C : Les Aldovia Files !
M : Exactement. Bon, Amber enquête sur sa future famille, mais bon, c’est pas la logique qui l’étouffe. À côté, les habitants d’Adovie manifestent pour dénoncer leur appauvrissement, alors que Noël approche. Là, c’est carrément visionnaire. En tant que Française, on a l’impression de voir le Nostradamus des Gilets jaunes.
EXTRAIT 4
C : Encore la preuve que ces films sont sous-estimés ! Ta conclusion, ce serait donc de regarder absolument le premier, et de se passer du deuxième ?
M : Le deuxième est clairement dispensable, mais le premier est un petit bijou. Si vous cherchez de quoi vous vider la tête de tout neurone, allez-y. Parce que tu vois, Corentin, A Christmas Prince, c’est exactement comme un pull de Noël. C’est très moche, c’est risible, mais on ne peut pas s’empêcher de le regarder, et de le remettre tous les ans. Parce qu’au fond, le plaisir se niche aussi dans le kitsch.
C : Merci pour cette conclusion Morgane ! On peut aussi dire que c’est un joli mot de fin, puisqu’il s’agit de ta dernière chronique pour Les Croissants, après presque un an et demi de bons et loyaux services.
M : Eh oui, je voulais partir dignement avec une dernière chronique sur un objet culturel crucial, je crois que j’y suis parvenue. En tout cas, merci à toutes et à tous d’avoir écouté mes chroniques, et d’y avoir mis des coeurs, parfois. Et même si vous n’en avez pas aimé certaines, eh bien, moi, je vous aime quand même. À très vite, ailleurs sur les Internets mondiaux.
C : Merci Morgane ! (je te laisse finir comme tu veux !)
« A Christmas Prince » : le film de Noël made in Netflix aussi génial que nullissime
Existe-t-il une meilleure période que les fêtes de fin d’années pour regarder un bon nanar de Noël ? Non, bien sûr ! Et pour ce faire, Morgane Giuliani de « Marieclaire.fr » a exactement ce qu’il nous faut : « A Christmas Prince 1 et 2 », sur Netflix. Deux films nuls et réconfortants à la fois. Un peu comme un pull moche de Noël.
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