Thomas : Elles sont sur les trottoirs, les pistes cyclables, les routes. Elles fleurissent PARTOUT en France. Les trottinettes électriques en libre-service sont aussi pratiques qu’énervantes. Mais d’où viennent-elles et pourquoi cet essor soudain ? Angèle Chatelier vous embarque sur la sienne pour faire le point.
Angèle : Je tiens d’abord à rectifier cette intro Thomas, car JE N’AI PAS DE TROTTINETTE ÉLECTRIQUE ! Mon dieu, qu’elles m’énervent ! Et en même temps, l’essor de cet engin autrefois ringard pour les + de 10 ans a au moins un avantage : elle évite aux gens de prendre la voiture ou le scooter. Mais ce n’est pas trop notre sujet.
Les entreprises Bird et Lime sont pionnières dans le revival surprise des trottinettes. Elles sont apparues en janvier 2018 en Californie, et dès juin dernier en France. Aujourd’hui, les trottinettes électriques en libre-service représentent un marché considérable. Et ces entreprises sont filoutes : elles ont profité dans notre pays, notamment à Paris, d’un échec grandiose d’abord des Velibs, puis des vélos en libre-service.
(EXTRAIT MASHUP FLASH INFO MORT DE GOBEEBIKE)
T : Si le sujet vous intéresse, on peut retrouver une chronique consacrée à l’échec de Smovengo, l’entreprise des nouveaux Vélibs, directement dans le brunch !
A : Tout à fait. Les trottinettes électriques en « flee floating » comme on dit semblent avoir trouvé de nombreux adeptes. Ce n’est pas pour rien que Bird et Lime ont aujourd’hui investi plus de 400 millions de dollars dans ce business.
Côté financier, c’est moins rentable que les Vélibs : comptez un trajet à 1 euro la course, puis 15 centimes la minutes. Comme ça, on se dit que c’est cadeau mais quand on y réfléchit bien, ça fait environ 10 euros pour une heure de trajet. Le journaliste Guillaume Fauré a même fait un calcul très simple dans un article publié sur la plateforme Medium : pour 20 jours travaillés, si l’on roule 15 minutes en trottinettes électriques, cela revient à 130 euros par mois.
(EXTRAIT ABBA MONEY)
T : Plus qu’un Pass Navigo, pour les Parisiens !
A : Oui ! Et le gros problème de ce marché, c’est un manque de législation. Car nous l’avons vu, ce phénomène a fleuri en à peine un an et touche aussi bien nos routes, notre sécurité que nos paysages.
T : Oui, car avec une trottinette, on peut rouler partout, donc sur les trottoirs, à 25km/h et elle se stationne à n’importe quel endroit
A : Résultat, la ministre des Transports Elisabeth Borne a annoncé en octobre dernier la création d’une nouvelle catégorie de véhicule dans le code de la route pour y inclure les trottinettes électriques et autres hoverboards. Elle a fait savoir que le gouvernement, je cite « permettra aux collectivités locale de définir un cahier des charges pour le développement de ces nouveaux services ». Parmi elles, l’impossibilité de pouvoir rouler sur les trottoirs, par exemple.
T : Car oui, les trottinettes électriques, ça peut énerver, mais ça peut aussi être dangereux
A : La ministre l’a d’ailleurs dit elle-même : on ne peut pas laisser un engin qui peut rouler jusqu’à 25km/h sans législation. Le webzine l’ADN relate même un chiffre effarant : 5 personnes sont mortes depuis l’essor de ce marché en 2017, soit une hausse de 23% par rapport à 2016. Avant même un tel drame, vous l’avez peut-être remarqué vous-même, les amateurs de trottinettes roulent partout et souvent n’importe comment. Mais comment les contraindre ? Rien n’existe encore juridiquement ni pour les protéger, ni pour les incriminer.
T : Résultat, certaines villes ont déjà pris les devants
A : A Paris, tout d’abord : vous pouvez écoper d’une amende de 135 euros si vous roulez sur les trottoirs. La ville créée aussi des espaces de stationnement identifiés et marqués au sol et la mise en place d’une redevance pour chaque engin en service dans la ville. A Toulouse, on lésine pas, on supprime pur et dur. Trois jours après son lancement dans la ville rose, l’entreprise Lime a été contrainte de retirer tous ses engins le temps de trouver un accord avec la mairie. Pareil à Bordeaux.
Ailleurs en Europe, les trottinettes en free floating ne passent pas trop non plus : elles ont été interdites à Barcelone, et d’abord tolérées à Madrid, elles y ont été supprimées.
T : Et puis, elles subissent déjà de la concurrence…
A : Déjà entres elles car j’ai cité Lime et Bird mais il existe aussi les entreprises Wind et Bolt. Et puis, de plus en plus de consommateurs penchent vers l’achat direct d’une trottinette électrique. C’est d’ailleurs devenu aujourd’hui l’engin le plus vendu derrière… la trottinette mécanique.
T : Comme quoi, ça reste dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures, et en plus, ça fait travailler les mollets ! Merci Angèle pour ce point sur les deux roues électriques, et à bientôt !
Deux-roues électriques : quand les villes disent « trotti-niet »
Depuis 2018, les trottinettes électriques en libre-service fleurissent sur les trottoirs de nombreuses grandes villes dans le monde. Lassée par ces véhicules qui donnent lieu à des comportements peu civils par leurs usagers, Angèle Chatelier nous explique d’où viennent ces deux-roues, et quel pourrait être leur avenir.
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