CORENTIN : Aujourd’hui Lucie, tu vas nous parler d’une grande entreprise de nouvelles technologies … Encore Facebook ? (nope !) Apple ! (nope !) Google ? (nope !) Microsoft ?!! (non plus !) Bon ! Bah qui alors ! C’est irritant à la fin !
Lucie : Aujourd’hui, je vais vous parler de Disney. Oui oui, je vous jure. Vous connaissez sans doute les produits de la Walt Disney Company, la plus grosse multinationale dédiée au divertissement du monde: ses dessins animés, ses films, ses parcs d’attraction … Mais ce que vous ignorez peut être, c’est que c’est aussi une entreprise qui investit beaucoup dans les nouvelles technologies. C’est même un acteur majeur du secteur.
C : Disney est d’ailleurs dirigé par des personnes issues de la tech, non ?
L : Tout à fait. Trois des membres de son conseil d’administration sont issus d’entreprises Web ou des nouvelles technologies: John S. Chen, ancien PDG de BlackBerry, Safra Catz, co-PDG de l’éditeur de logiciels Oracle, et Francis Desouza, de l’entreprise de biotechnologies Illumina. Le conseil d’administration de Disney a aussi accueilli en son sein Jack Dorsey, PDG de Twitter, Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook et même l’ancien patron d’Apple, Steve Job.
CORENTIN : et qu’est-ce qui les intéresse tous chez Disney ?
L : Beaucoup de choses ! En 2014, Jack Dorsey, le PDG de Twitter, disait ceci de la Walt Disney Company : “Il ne s’agit pas seulement d’une entreprise qui applique les technologies, mais qui les construit aussi”. Et Jack Dorsey sait de quoi il parle : Disney a tenté, il y a quelques années, de racheter Twitter ! C’est une entreprise tentaculaire, qui investit massivement dans les médias et le divertissement. Qu’il s’agisse de chaînes de télévisions, de maisons de production, de plateformes de streaming en ligne ou de réseaux sociaux. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Jack Dorsey et Sheryl Sandberg ont quitté au début de l’année le conseil d’administration de Disney. L’entreprise est désormais une véritable concurrente pour eux !
Sauf que ces investissements ne se limitent pas aux médias, justement. Corentin, tu savais que la Walt Disney Company investissait dans des start-up ?
CORENTIN : [réponse]
Disney finance depuis plusieurs années un accélérateur de start-up. Un accélérateur, c’est le nom donné à des structures dont le but est d’aider au développement de jeunes entreprises, qui ont généralement déjà un produit ou un service en vente. Disney a installé le sien à Los Angeles, en Californie. Les entreprises qu’il accueille ont des activités qui ont un lien avec ses activités, même lointain : dans les jeux vidéo, la réalité virtuelle, les robots … L’idée est pour Disney de surveiller les idées prometteuses pour son business, et d’éventuellement investir dedans. Vous connaissez sans doute au moins un produit de la collaboration entre Disney et une start-up. Voici un petit indice.
[SON BB8]
Corentin : [réaction de gamin, ou de papa, j’ai pas encore décidé.]
Vous avez peut-être reconnu le son de BB8, le petit robot des derniers films Star Wars ! Eh bien il a aussi fait le bonheur d’une start-up américaine. Elle s’appelle Sphero et se spécialise dans la construction de robots en forme de boule qui roulent. La société a été suivie par l’accélérateur de Disney en 2014. Un beau jour, les big boss de Disney ont convoqué la start-up, qui n’employait que quelques personnes à l’époque. On lui a carrément proposé de fabriquer une machine à l’effigie de BB-8. Star Wars 7 n’était alors pas encore sorti en salles. Cette opération, préparée dans le plus grand secret, a fait le succès de Sphero. Elle a ensuite levé plusieurs millions de dollars auprès de Disney. Une opération gagnante pour Sphero mais surtout pour Disney, qui s’est ainsi assuré d’avoir un produit dérivé de qualité, et juste pour la sortie du film.
CORENTIN : Donc Disney se repose sur les autres pour développer sa stratégie en technologie ?
Pas seulement. Car Disney a de gros besoins en la matière. Prenez par exemple ses parcs d’attraction : ils sont bourrés de technologie ! L’entreprise dispose de sa propre filiale destinée à la mise au point des manèges, des spectacles et des animations destinés aux visiteurs, Walt Disney Imagineering. On lui doit par exemple les «animatronics», des robots parlants aujourd’hui utilisés dans de nombreuses attractions ou leurs files d’attente. Autre innovation : aux Etats-Unis, les visiteurs peuvent porter un “MagicBand”, un bracelet connecté qui simplifie l’accès aux attractions et qui personnalise l’expérience selon la langue parlée, l’âge, les origines … Plus d’un milliard de dollars a été investi dans ce seul projet. Au total, Disney est propriétaire d’une centaine de brevets technologiques à ce jour.
[CE REVE BLEUUUU]
Disney dispose même de son propre réseau de laboratoires de recherche, Disney Research. Il en existe six dans le monde, dont l’un en Europe, monté en partenariat avec l’École polytechnique fédérale de Zurich, l’ETH. On lui doit de nombreuses inventions, comme le Beachbot, un robot qui peut dessiner dans le sable sans pilote, ou des Acoustruments, qui permettent de contrôler un smartphone avec des sons. Ces chercheurs travaillent aussi sur la réalité virtuelle et augmentée, et même … l’intelligence artificielle, le saint graal de la Silicon Valley. C’est pas si étonnant que cela. L’IA pourrait permettre à Disney de faire plein de choses. D’automatiser l’animation de ses dessins animés, en analysant les mouvements des hommes et des animaux ; de comprendre les réactions des enfants face à des films, et repérer ce qui leur plaît ou non ; de pouvoir interagir de manière naturelle avec des peluches ou des robots. C’est un gros enjeu. Comme pour Apple, Facebook ou Google. Bref, Corentin, j’espère que je t’ai convaincu : Disney est un géant des technologies comme les autres.
Corentin : Tout ça donne envie d’être une petite souris pour savoir ce qui se trame en haut-lieu de la société de Mickey. L’avenir nous le dira. Merci Lucie ! À très vite.
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