Titre : Infonie of the Night
Hypnospace Outlaw
Durée estimée :
Corentin : Aujourd’hui, Pierre-Alexandre Rouillon de Gamekult a mis sa plus jolie veste fluo et trimballe son discman anti-chocs dans la rédaction. Dis donc Pierre-Alexandre, tu sais qu’on est en 2019 ?
Pierre-Alexandre :
Coucou Corentin ! Alors peut-être que TOI, tu es en 2019 mais personnellement, j’ai passé mes derniers jours en 1999, dans les couleurs criardes et les cliparts crados d’Hypnospace Outlaw.
[MUSIQUE]Hypnospace01
Hypnospace Outlaw est le dernier bébé de Jay Tholen, un développeur que tu connais peut-être mon cher Corentin, puisque c’est de son cerveau fécond qu’est sorti Dropsy the Clown en 2015.
C : Ah mais oui ! C’est le point n’click sans dialogues avec le clown qui fait peur à tout le monde alors qu’il veut juste des câlins !
P : C’est ça ! Et histoire de prouver qu’il n’a pas qu’un seul high-concept dans son crâne, Tholen revient avec Hypnospace Outlaw, un jeu d’enquête qui se situe dans un internet fictif, à quelques jours du bug de l’an 2000.
C : Oula alors là je crois qu’il va falloir que tu nous expliques deux ou trois choses quand même.
P : Effectivement. Alors il faut savoir que vers la fin de ces années 90 alternatives, une société appelée MerchantSoft truste le marché des nouvelles technologies.
Quand le jeu démarre, la compagnie met les dernières touches à l’Hypnospace, une galaxie de sites que l’on peut naviguer pendant son sommeil à l’aide d’un bandeau.
Concrètement, le jeu nous met face à un système d’exploitation, HypnOS, qui s’avère complètement fonctionnel.
C : C’est à dire ?
P : Ah ben c’est à dire que c’est un OS complet, avec navigateur, lecteur MP3, gestionnaire de téléchargements et j’en passe, comme par exemple des animaux virtuels à mettre sur son bureau.
Et c’est à partir de ce bureau que l’on va pouvoir entrer dans l’Hypnospace pour y accomplir sa besogne de cyberflic. [REPRISE DERRIERE]
C : Cyberflic ? Tu es de la cyberpolice ? Les conséquences ne seront plus jamais les mêmes ?
P : Et ben pas loin ! On incarne un Enforcer, sorte de modérateur plus-plus qui écume l’Hypnospace à la recherche de comportements douteux.
Violations de copyright, harcèlement en ligne, distribution de logiciels malveillants… autant de méfaits que l’on pourra signaler pour se faire un peu d’argent et rendre cet Internet un peu plus beau.
C : D’accord, mais du coup comment ça se présente, ton affaire ?
P : C’est là tout le génie de Jay Tholen et de son équipe : on fait ça en se baladant dans un navigateur et en parcourant réellement de fausses pages d’un Internet qui n’existe pas.
Que ça soit dans Goodtime Valley, le hub des vieilles personnes qui découvrent Internet (imaginez Facebook), ou dans Teentopia, réservé aux adolescents qui veulent parler de rock et de films d’horreur, il y a des centaines de pages à visiter.
Et bien évidemment, la mission de l’enforcer n’est finalement qu’un prétexte pour découvrir un univers complètement barré, qui rappellera forcément des souvenirs aux moins fringants d’entre nous.
[MUSIQUE]Hypnospace02
Chaque communauté, chaque site, chaque page est l’occasion de découvrir autant de personnes avec leurs vies, leurs convictions, leurs embrouilles et leurs aspirations.
Comme dans le vrai, l’Internet d’Hypnospace Outlaw est un ramassis de fragments de vie, d’engueulades et de querelles de clocher incroyablement crédible.
C : Ah oui ok, un peu comme quand on tombait un peu par hasard sur des embrouilles très personnelles en arrivant dans les commentaires d’un blog, par exemple ?
P : C’est ça ! Avec en plus des personnages récurrents et très bien écrits, l’univers du jeu est très bien garni et d’une cohérence impressionnante.
Mais pour en revenir au jeu, ne vas pas croire que tu vas juste passer ton temps à cliquer sur des éléments répréhensibles dans ton navigateur.
Après quelques heures, les missions de l’Enforcer se complexifient pas mal et on va vite se mettre à enquêter sur des faits un peu plus grave qu’un simple dessin réutilisé sans autorisation.
Et à partir de là, ça devient un véritable festival : on va se mettre à fouiller des FTP privés, trouver une sorte de dark web ou encore télécharger des programmes spéciaux pour accéder à de nouvelles pages.
[REPRISE DERRIERE]
C : Ah oui donc le jeu pousse vraiment son délire au maximum !
P : Totalement ouais ! En quelques heures de jeu, tu vas voir des communautés se faire et se défaire, des amitiés qui naissent, des coups de gueule, des réconciliations… C’est fou comme un jeu aussi faux arrive à sonner vrai.
[MUSIQUE]Hypnospace03
C : Et ben ! Ca t’a fait de l’effet on dirait !
P : Ouais, un peu comme Return of the Obra Dinn et son investigation sur un bateau abandonné, on se retrouve à enquêter et à tirer sur des petits bouts de fils pour dérouler des pelotes entières.
Il y a quelque chose de jouissif et de très excitant, à avoir l’impression de défricher cet autre Internet, qui fait d’Hypnospace Outlaw un véritable petit bijou post-moderne bourré d’humour et de tendresse.
C : Eeeeeet ben ! Merci Pierre-Alexandre ! Hypnospace Outlaw c’est disponible sur PC pour environ 18€ même si attention, c’est tout en anglais. A bientôt !
« Hypnospace Outlaw » : Infonie of the Night
Devenir modérateur sur un internet fictif de la fin des années 1990, ça vous tente ? C’est ce que vous propose « Hypnospace Outlaw », un titre qui cherche à capturer l’esthétique et l’esprit de cette époque. Ce jeu d’enquête extrêmement intelligent a en tout cas séduit l’ami Pierre-Alexandre Rouillon de « Gamekult ».
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