Corentin : Aujourd’hui, on va s’attarder sur un courant de pensée très critiqué dans la communauté scientifique : le transhumanisme. Même Google s’y met grâce à la création d’une filiale nommée Calico. Laura Aupiais vous explique les problématiques et les enjeux du transhumanisme. Bonjour
Laura : Bonjour Corentin, bonjour à tous.
Le transhumanisme commence à faire parler de lui et particulièrement au travers de l’intelligence artificielle.
Corentin : Quelle serait la définition officielle du transhumanisme ?
L : D’après l’ONG Humanity+ créée dans les années 90, le transhumanisme se définit comme un mouvement culturel et intellectuel qui promeut l’amélioration de la condition humaine grâce aux découvertes scientifiques et techniques.
Ainsi, le transhumanisme s’applique dans tout un tas de domaines et sous diverses formes. Les transhumanistes considèrent certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables.
Ils ont aussi pour vocation l’amélioration des capacités intellectuelles, physiques et psychologiques afin d’améliorer le bien-être de l’être humain.
Corentin : A quand remonte ce mouvement ?
L : Étonnamment, les premières traces de pensées transhumanistes remontent à l’Antiquité et cela s’est propagé par la suite notamment aux travers des mythes de la fontaine de jouvence, de la pierre philosophale, etc.
On ne compte plus le nombre d’histoires sur la quête de l’immortalité entre autres.
Mais le premier à prononcer le mot « Transhumanisme », c’est le biologiste Julian Huxley, frère d’Aldous Huxley, auteur du meilleur des mondes.
En 1957, il définit le transhumain comme un « homme qui reste un homme, mais se transcende lui-même en déployant de nouveaux possibles de et pour sa nature humaine ».
Il s’agit bien d’améliorer la « qualité » des individus, comme on améliore la « qualité » des produits. Il se rapproche en cela de l’eugénisme dans l’optique toutefois, d’améliorer les conditions sociales des individus. C’est-à-dire qu’il voit l’humanité comme un groupe ou une classe plutôt que la somme d’individus particuliers.
Donc c’est lui qui pose les bases du transhumanisme. Et puis l’apparition de nouvelles technologies comme l’informatique permet des ambitions différentes et adoptent celles qu’on connaît aujourd’hui.
Le transhumanisme fait beaucoup parler de lui grâce à Google, c’est en tout cas ce que nous dit Jean Mariani, directeur de l’Institut de la Longévité Charles Foix à l’université Pierre et Marie Curie sur France Culture dans l’émission de René Frydman Matière à Penser.
[SON 1 - Matière à penser de René frydman sur France Culture - 5’47> 6’36]
“et ce mouvement a pris son envol…”
L : Juste pour préciser, Jean Mariani parle d’innovation disruptive. C’est une innovation modifie les usages et les modes de consommation, quand une innovation en supplante une autre, comme par exemple l’arrivée du baladeur MP3.
Corentin : Tu disais que les transhumanistes étaient très critiqués dans la communauté scientifique, pourquoi ?
L : Beaucoup de scientifiques considèrent le transhumanisme comme une idéologie infantile qui profite des progrès des technosciences pour remettre à jour les mythes archaïques de l’homme super-intelligent, immortel et invincible.
A cela s’ajoute une dimension morale et certains ne voient aucun inconvénients à préserver les systèmes naturels.
On reproche aux transhumanistes de vouloir jouer à Dieu, d’autres y voient la possibilité d’une ségrégation génétique, d’une déshumanisation. Ou alors que cette recherche absolue du bonheur n’est que matérielle et utilitariste.
Corentin : Mais où sont les transhumanistes ? Que font-ils concrètement ? Que veulent-ils ?
L : Ils essayent globalement de faire ce qu’on peut trouver dans la littérature SF. Elon Musk par exemple, a fondé une startup appelée Neuralink dont l’objectif est de relier le cerveau à des circuits intégrés dans le but de fusionner les intelligences humaine et artificielle.
Tu l’as mentionnée tout à l’heure, la filiale de Google exerce des recherches sur le ralentissement du vieillissement. La société de la silicon valley investit massivement dans les NBIC c’est-à-dire les nanotechnologies, biotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives.
Ils sont également derrière des sociétés dont les principales recherches concernent l’intelligence artificielle et la robotique.
Corentin : Le mot de la fin ?
L : Dans la mesure où le transhumanisme pose à la communauté scientifique un certains de nombres de questions, de pistes de réflexions qu’elle n’aurait pas explorée d’elle-même, est-ce qu’on peut vraiment être contre le transhumanisme ?
Corentin : En tout cas comme outil de réflexion, c’est sûr qu’il y a de quoi faire et ça a le mérite de tous nous faire réfléchir. Vaste débat en tout cas, merci Laura d’avoir effleuré avec nous le transhumanisme, et à très vite.
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