Quand l’Etna tombera, ça mouillera

[ SON 1 - Éruption Etna 5s ]
Corentin : L’Etna, le volcan encore en activité, pourrait s’effondrer dans la mer et provoquer un Tsunami dans la méditerranée. C’est en tout cas ce que révèle une enquête réalisée par l’Institut allemand Geomar parue le 10 octobre dernier dans la revue Science Advances. Explication avec Laura Aupiais. Bonjour, Laura…
Laura : Bonjour Corentin, bonjour à tous, c’est un terrible scénario qui se profile à l’horizon, n’est-ce pas ?
Alors, restons calme, à l’heure actuelle aucun signe ne suggère qu’un tel effondrement est imminent.
Corentin : Oui, mais c’est tout à fait possible que se déroule ce désastre ?
L : C’est exact. On ne sait pas pour le moment quand cela arrivera parce que sa progression vers la mer n’est pas régulière. Je vous expliquerai tout ça tout à l’heure.
Corentin : Oui, et si tu nous dessinais le portrait de l’Etna avant ça ?
L : Mais tout à fait. L’Etna se situe à l’est de la Sicile pas très loin de Catane et il mesure 3300m. C’est une montagne conique qui a à peu près une superficie de 1200 km². Un beau bébé en somme. Un bébé de 500 000 ans mais un beau bébé tout de même.
Corentin : Est-il dangereux ?
L : Oui, un peu. C’est un volcan rouge, c’est-à-dire que c’est un volcan effusif qui émet de la lave. Il est l’un des volcans les plus actif au monde puisqu’au cours du XXe siècle, on a enregistré 80 éruption volcanique et 15 depuis 2001.
La dernière s’est déroulée en 2016. Et l’Etna est même classé dans la liste des volcans de la décennie.
Corentin : Les volcans de la décennie ? C’est quoi ça ?
L : Il s’agit de 16 volcans identifiés par l’association internationale de volcanologie et de chimie de l’intérieur de la terre (IAVCEI) qui dépend de l’Union Géodésique Internationale (UGGI).
L’association encourage les études et les activités de sensibilisation du public à ces volcans.
Pour résumer, elle exerce une surveillance pour atténuer les risque d’une éruption sur les populations comme pour les volcans du Vésuve, Sakurajima au Japon ou Santorin en Grèce.
Corentin : Je crois que le portrait est bien dressé. Pourquoi risque t-il de finir dans la mer ?
L : C’est tout bête. Dans la mesure où l’Etna s’est construit sur une pente et que la gravité de la Terre étant ce qu’elle est...Il sombre donc petit à petit vers la mer.
Corentin : Donc on ne vient pas de découvrir ce phénomène ?
L : En effet. Cela fait presque 30 ans, que les chercheurs sont attentifs à sa translation. A l’aide de données satellites et de mesure GPS, ils ont observé le fluage continu vers les flots du flanc Sud-est de l’Etna.
Entre 2001 et 2012, il avait une descente annuelle moyenne de 14 millimètres.
Je vous disais tout à l’heure que sa progression n’était pas régulière. C’est en 2017, que tout s’emballe. Les géologues ont eu la surprise de constater grâce à un réseau de balises disposées sur le fond marin au pied du volcan, un déplacement de l’édifice de pas moins de 4cm le long d’une faille.
Un mouvement continu sans rupture brutale en 8 jours.
Corentin : Et pas de mouvement brusque depuis ?
L : Pas à ma connaissance.
Corentin : Et pourquoi les chercheurs pensent qu’il pourrait déclencher un tsunami ?
L : L’auteure principale de l’étude, Morelia Urlaub, chercheuse en géodynamique marine au geomar suggère que le flanc du volcan tout entier glisse dangereusement vers la mer. Aussi bien sa partie à l’air libre que celle immergée.
Ensuite, pour répondre à ta question Corentin, les chercheurs qui ont réalisé l’enquête se sont basés sur des données géologiques d’archives d’autres volcans. Et ces derniers qui se sont effondrés ont provoqué d’important glissements de terrain très très rapides et très importants.
Corentin : Et en quoi cela provoquerait un tsunami ?
L : Et bien, il n’y a pas forcément besoin de tremblement de terre car un tsunami est provoqué lorsqu’une grande masse d’eau est déplacée.
Corentin : Sait-on ce qu’il se passera exactement ?
L : Il est encore trop tôt pour avoir des projections et des estimations des éventuels dégâts provoqués par l’Etna.
Corentin : Eh bien c’est pas rassurant. Mais merci de nous avoir fait passer le mot Laura, au moins on est au courant. À très bientôt !