Corentin : Après de nombreuses semaines de teasing, com’, pubs et annonces en tout genre, Netflix a enfin mis en ligne la saison 2 de “Stranger Things”, vendredi 27 octobre. Après quasiment un an et demi d’attente, est-ce que cette nouvelle saison était à la hauteur de la hype ? Marie Turcan l’a vue pour vous. Alors Marie, bilan ?
Marie : Comme tu l’as dit, aucune personne un tant-soit-peu connectée n’a pu échapper au grand retour the Stranger Things.
[EXTRAIT B-A]
Au point où depuis quelques jours, mon fil Twitter n’était composé que de deux types de gens: ceux qui râlent sur la promo de Stranger Things, et ceux qui râlent sur les gens qui râlent sur la promo de Stranger Things.
C : Et tu te situes de quel côté ?
M : Après avoir vu une grande partie de la saison 2, j’ai eu envie de faire partie d’une troisième catégorie. Les gens qui aiment la série au premier degré.
C : C’est intrigant.
M : En fait, à force de subir le martèlement publicitaire, j’en étais venue à mépriser la série. Alors que je ne me souvenais quasiment plus de la première saison.
Du coup j’ai trouvé la solution pour ne pas s’énerver contre Stranger Things: il suffit de parler de la série.
C : Ah oui tiens, on y avait pas pensé !
M : Evidemment ça demande un peu de self contrôle. Du genre: ne pas s’agacer lorsque Snapchat sort un filtre spécial “nez qui saigne” ou que Spotify relooke son appli aux couleurs de la série.
Mais une fois qu’on pense au fond plutôt qu’au contexte, on passe un bien meilleur moment avec les enfants de Stranger Things!
C : Donc tu as aimé cette deuxième saison.
M : Franchement, c’est un grand oui. De la majorité des épisodes que j’ai pu voir, j’en tire un grand étonnement. En fait Stranger Things, c’est vraiment bien.
Les frère Duffer avaient pourtant du pain sur la planche, pour réussir à enchaîner après l’immense succès surprise de la saison 1.
La série repose sur le même esprit, une sorte de “Emile et les Détectives” rencontre “E.T.” rencontre “Ghostbusters” — d’ailleurs les gamins vont jusqu’à se déguiser en chasseurs de fantômes.
C : Donc pas de changement?
M : Si, la série est plus aboutie, plus réfléchie, aussi. C’est moins “Maman j’ai raté l’avion” et plus la “Guerre des mondes”. Déjà, parce qu’elle met plus l’accent sur les adultes, et moins sur les courses poursuites à vélo. Ensuite parce que cette saison 2 fait beaucoup plus peur que la précédente.
Le gamin Will est sorti du “Monde à l’envers”, mais il lui reste de nombreuses séquelles. Et il n’y a pas que sa coupe de cheveux à la Mireille Mathieu qui soit effrayante... Avec ses grands yeux et sa nuque frétillante, il rentre direct dans mon top des enfants possédés les plus flippants.
Mais c’est surtout la musique, plus travaillée et plus présente, qui rend l’immersion quasi immédiate.
C : Comment tu expliques cette amélioration?
M : Les scénaristes savaient qu’ils étaient attendus au tournant.
Entre l’argent investi par Netflix d’un côté, le réseau de fans complètements fous de l’autre, ils ne pouvaient pas se reposer sur des gimmicks déjà usés dans la première saison.
Du coup la série a conscience de ce qu’elle est. Elle préfère y aller comme une bourrin avec ses clins d’oeils nostalgiques — comme les enfants déguisés en Ghostbusters — pour ne surtout pas qu’on puisse lui reprocher d’être coincée au premier degré.
C : Donc pour toi, cette saison 2 serait un sans-faute?
M : Evidemment il reste des défauts. Dans la réalisation, par exemple. Parfois, on ne sait plus vraiment si on est dans l’hommage ou dans la facilité. Si les plans sont ironiques ou si les frères Duffer ont voulu se la péter avec des plans “léchés” mais qui tombent un peu à plat.
De même pour les grosses ficelles narratives. On gagnerait à moins de répétitions et de regards appuyés, et un peu plus de subtilités, autant dans le jeu des acteurs que dans le déroulement des péripéties.
C : On a reproché à la série d’être un peu coupée du monde, juste une accumulation de références, est-ce qu’il y a du changement de ce côté ?
M : Il est vrai que la saison 2 se permet quelques *très rares* éléments de réflexion plus contemporaines. Par exemple en évoquant des questions de racisme avec le jeune Lucas, très en retrait dans la première saison et plus présent dans la deuxième.
[EXTRAIT]
Mais... ces moments-là semblent un peu forcé.
La série veut clairement garder son côté “doudou”. C’est une production typiquement “hors du temps” : on la regarde pour échapper à son époque. On s’enroule dans un plaid qui sent bon la nostalgie et qui permet d’oublier, l’espace de 45 minutes, les angoisses des temps modernes.
A vos chocolats chauds !
C : Merci Marie, je rappelle que les deux saisons de Stranger Things sont disponibles sur Netflix. À la prochaine !
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