Il arrive que Patrice Palavert aille aux ruches avec sa raquette de tennis. Le match qu’il joue est toujours perdu, mais lui permet d’offrir un instant de répit à ses abeilles assaillies par l’ennemi. « Je reste quatre ou cinq minutes, je tue quelques frelons en smashant et, tout à coup, il n’y en a plus un seul à vingt mètres à la ronde, explique-t-il. Mais ils reviennent ! » Car, en ce mois de juillet, Vespa velutina nigrithorax, le frelon asiatique ou frelon à pattes jaunes, a repointé ses antennes. Et rôde autour de la trentaine de ruches de l’apiculteur installé dans la commune de Montrem, en Dordogne, l’un des premiers départements français touchés par cet insecte invasif, il y a une grosse dizaine d’années. « Ils seront vraiment là en septembre : quand les lierres fleurissent, les frelons aussi… », appréhende-t-il. L’année dernière, il en comptait une vingtaine devant chaque ruche, postés à l’affût en vol stationnaire. Mais son pire souvenir date de sa rencontre avec le vespidé, en 2008. « J’ai perdu la moitié de mes colonies. Quand il réussit à pénétrer à l’intérieur, il prend les abeilles et dévore le couvain, c’est un guerrier, un tueur : s’ils rentrent à plusieurs, en quatre ou cinq jours, la ruche est détruite. »
James Bond avait Dr. No, remplacé à chaque épisode par un nouveau membre du SPECTRE ; depuis quinze ans, les abeilles ont Vespa velutina. Il est là à chaque nouvelle saison et, comme demain, il ne meurt jamais. Alors Patrice Palavert s’est organisé.