Quelles leçons le pouvoir tirera-t-il de l’affaire Benalla ? Réorganisation, remaniement, nominations… Les spéculations se multiplient à quelques jours du retour aux affaires du président de la République et du gouvernement après la trêve estivale, lors du prochain conseil des ministres programmé mercredi 22 août. Pour l’heure, une seule information a filtré dans Le Parisien, le 5 août dernier : d’ici la fin de l’année, un directeur général des services (DGS) devrait être nommé à l’Élysée. Cette fonction de coordination, présente dans les collectivités locales ou certains établissements publics, n’existe pas au Château. Le futur DGS aurait aussi pour mission de procéder à tous les recrutements. Chapeauter le staff de l’Élysée, c’est pourtant déjà la mission du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, et du directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda. Lors des auditions à l’Assemblée et au Sénat, les deux hommes, visiblement décidés à en dire le minimum et à s’en tenir à une version officielle et assez floue, n’avaient cependant pas vraiment réussi à éclairer les parlementaires sur la date d’embauche d’Alexandre Benalla, ni sur ses missions exactes. L’arrivée d’un DGS est censée remédier à cette mauvaise gestion interne. Mais l’affaire Benalla a aussi démontré, une nouvelle fois, une forme de toute-puissance élyséenne, où un chargé de mission peut s’arroger un pouvoir excessif dans un domaine régalien et ultra-sensible – la sécurité du chef de l’État. Le problème est récurrent sous la Ve République : la quasi absence de contrôle sur l’Élysée est un terrain propice aux abus et aux compromissions.
Dans la Ve, le président de la République bénéficie d’un régime d’exception. Et l’affaire Benalla l’a cruellement rappelé. Après les révélations du Monde sur la présence et le comportement du chargé de mission le 1er mai, place de la Contrescarpe à Paris, deux commissions d’enquête parlementaires ont été créées, à l’Assemblée nationale et au Sénat. La liste des personnes auditionnées a fait l’objet d’une intense bataille parmi les députés, au point de faire capoter la commission d’enquête au bout de quatre jours. La présidente LREM, Yaël Braun-Pinet, avait exclu d’emblée d’auditionner Emmanuel Macron. Au Sénat, le président, Philippe Bas, l’a aussi écarté, considérant que cette audition serait « contraire à l’esprit de la Constitution ». L’article 67 instaure en effet l’irresponsabilité du chef de l’État et son immunité le temps de son mandat.