L’affaire Benalla n’est pas qu’une histoire de barbouzerie ou de gros bras usurpant les insignes policiers. Elle touche à l’organisation de l’État à son plus haut niveau, en particulier au sein du palais de l’Élysée, là où la Ve République a concentré l’essentiel des pouvoirs. Au lendemain de son élection, Emmanuel Macron y a placé des très proches, un clan soudé par une campagne présidentielle victorieuse. D’autres fidèles sont allés peupler les cabinets ministériels, façon pour l’Élysée d’avoir un pied et un œil dans tous les lieux de l’action gouvernementale (lire l’épisode 3 de l’obsession Les conseillers). Dans son ascension éclair, Emmanuel Macron s’est appuyé sur une bande qui, aujourd’hui, occupe des fonctions centrales au sommet de l’appareil d’État. Mais dont le fonctionnement en vase clos suscite interrogations et suspicions. Alexandre Benalla, garde du corps pendant la campagne, semble avoir acquis un pouvoir bien plus important que celui dévolu à un simple chargé de mission. Et avoir bénéficié d’avantages rarement accordés à ceux qui ont occupé la même fonction que lui. Sous François Hollande, l’organisation des déplacements présidentiels était coordonnée par un chargé de mission auprès du chef de cabinet, poste miroir à celui d’Alexandre Benalla, « mais il n’avait ni voiture de fonction, ni appartement au palais de l’Alma et n’était pas armé », assure un haut fonctionnaire ayant travaillé dans plusieurs cabinets ministériels au cours du précédent quinquennat.
À la tête de la petite équipe de fidèles conseillers macronistes, on trouve Alexis Kohler, l’un des principaux stratèges de la campagne présidentielle, désormais secrétaire général de l’Élysée, chef d’orchestre des politiques publiques et du fonctionnement du Château.