C’est LA belle histoire de Noël. Plus belle encore que cette vidéo où Keanu Reeves cède sa place à une dame dans le métro new-yorkais. Plus émouvante, même, que ces grévistes d’Enedis qui rebranchent des compteurs électriques bridés pour impayés. C’est l’histoire d’Amazon, Apple et Google, trois entreprises qu’au départ tout oppose, qui se battent pour faire rentrer leurs assistants vocaux concurrents dans les foyers et dans les habitudes de la Terre entière. Ça marche bien. Ces dernières années, elles ont presque réussi à faire oublier que les enceintes connectées qui donnent accès à Alexa, Siri ou Google Assistant sont avant tout des aspirateurs à données (lire l’épisode 9, « Alexa, que vous avez de grandes oreilles… ») chargés de transformer nos intérieurs en supermarché permanent.
Tout va donc bien pour nos trois héros… mais tout n’est pas parfait dans leur monde enchanté et cela les rend tout tristes. Car d’autres lutins mignons du secteur naissant de la maison connectée, comme Ikea, Legrand, Samsung, Schneider Electric, Philips ou Somfy n’arrêtent pas de vendre des appareils qui ne sont pas compatibles avec Alexa, Siri ou Assistant. Et ça, ça brise les rêves d’Amazon, Apple et Google, car cela décourage les utilisateurs d’installer chez eux des appareils connectés aspirateurs de données. C’est du bon business qui s’envole comme les rennes du père Noël le soir du réveillon, c’est aussi moche qu’un livre de Yann Moix offert par tata Mireille…
C’est alors qu’a surgi une idée douce et réconfortante comme un trou normand après le deuxième plat du réveillon : et si tout ce petit monde formait un « groupe de travail » commun afin de « développer des standards ouverts pour les appareils intelligents » et « améliorer [leur] compatibilité pour les utilisateurs » ? Pour cela, et c’est le plus beau dans cette déjà très belle histoire qui sera probablement adaptée un jour dans un film de Noël avec l’hologramme de Hugh Grant, la norme technologique commune qui doit être choisie sera proposée en open source, c’est-à-dire libre de brevets, pour « permettre aux fabricants d’appareils de proposer plus facilement des appareils compatibles avec […] les services vocaux tels qu’Alexa d’Amazon, Siri d’Apple, Assistant de Google, etc. » C’est une décision qui résume tout l’objectif de ce projet, car Amazon et Apple, en particulier, enferment quasi systématiquement leurs services et leurs appareils derrière une épaisse couche de verrous technologiques propriétaires.