Les recherches d’Antonio Casilli et de Jean-Louis Dessalles, tous deux enseignants à l’école d’ingénieurs Telecom ParisTech, n’étaient pas faites pour se croiser. Le premier, maître de conférences en humanités numériques, travaille principalement sur le digital labor, c’est-à-dire le travail plus ou moins volontaire des internautes dont les grandes plateformes comme Google, Amazon ou Facebook tirent un profit technique et financier : liker une page, écouter de la musique en streaming, diffuser ses photos en ligne ou carrément réaliser des tâches rémunérées sur une plateforme de microtravail comme Amazon Mechanical Turk. C’est ce que raconte son ouvrage En attendant les robots sorti il y a peu, qui pointe aussi comment cette armée de travailleurs éparpillés et invisibilisés permet à ces mêmes plateformes de vanter leurs intelligences artificielles qui ne pourraient pourtant pas fonctionner aujourd’hui sans travail humain pour les corriger et les tester.
C’est sur ce point que le travail d’Antonio Casilli se connecte aujourd’hui avec le livre publié par Jean-Louis Dessalles, Des intelligences très artificielles. Informaticien, chercheur en intelligence artificielle et en sciences cognitives, ce dernier y raconte avec des mots simples les grandes découvertes qui ont marqué la construction de machines capables d’actions autonomes.