Il y a quinze ans, Julia et Noémie étaient les seules femmes, ou presque, à intégrer le milieu antifa lyonnais. Les femmes ont toujours joué un rôle dans les luttes révolutionnaires mais leur héritage n’imprime pas encore les consciences d’une société patriarcale où le militantisme d’extrême gauche garde une réputation viriliste. En France, la tendance commence à s’inverser. Les dernières années ont vu des groupes antifas atteindre la parité. Des organisations féministes et antifascistes se sont aussi créées. En manif, elles donnent à la lutte féministe un caractère rebelle, populaire et racisé. Contre le fascisme, le capitalisme, l’impérialisme, les femmes antifas revendiquent le droit de militer comme bon leur semble.
« On me reprochait de me comporter comme un homme pour me faire une place dans le milieu militant. » Noémie s’est engagée dès le lycée, à Lyon, en 2006, dans le mouvement contre le CPE (contrat de première embauche) et la précarisation des jeunes sur le marché de l’emploi. Elle intègre ensuite le milieu antifa sans s’affilier à un groupe précis, jusqu’à ce qu’en 2013, elle soit la seule femme parmi les membres fondateurs du Groupe antifasciste de Lyon et ses environs (la Gale), dissous cette année (lire l’épisode 3, « Le gouvernement veut éradiquer la Gale antifa »).
Julia, 34 ans, n’a jamais pris part à la Gale mais comme Noémie, elle se politise lors des manifs lyonnaises contre le CPE.