Le procès qui s’ouvre ce lundi, à la cour d’assises de Bordeaux, a failli ne jamais avoir lieu. Une telle audience, consacrée au tir mortel d’un policier, est aussi rare qu’emblématique. En août 2007, lors d’une intervention nocturne à Poitiers, le brigadier-chef Jocelyn Chauveau a tué un homme de 37 ans avec son arme de service. La victime, Olivier Massonnaud, était ivre et en proie à une violente crise de démence. Le policier, aujourd’hui âgé de 46 ans, doit être jugé pour « coups mortels aggravés ». Il a toujours expliqué avoir tiré pour défendre l’un de ses collègues, qu’il estimait gravement menacé. Depuis douze ans, les juges d’instruction lui ont plusieurs fois donné raison. Mais la famille d’Olivier Massonnaud, déterminée à ce qu’il soit jugé, a épuisé tous les recours et fini par obtenir gain de cause. La notion de « légitime défense », entrée dans le langage courant mais très subtile en droit, sera au cœur de ces cinq jours d’audience. Si elle est retenue, Jocelyn Chauveau devra être acquitté. Si le jury l’écarte, il risque jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle.
Le 13 août 2007 au soir, Olivier Massonnaud a trop bu : les analyses post-mortem révéleront qu’il avait 1,87 gramme d’alcool dans le sang. Guide touristique de profession, il regarde la télé dans son appartement, à deux pas de la cathédrale de Poitiers, avec ses deux enfants de 10 et 11 ans.