Il y a quelques années, j’ai donné rendez-vous à un policier sur mon lieu de travail. Il faisait beau, nous avons discuté sur la terrasse, au sommet du bâtiment. Le temps de faire un tour à l’intérieur et nous nous sommes aperçus que le concierge avait fermé le toit à clé pour la soirée. Le sac du gardien de la paix s’est retrouvé coincé dehors, son propriétaire impuissant de l’autre côté de la vitre. J’étais un peu embêtée, lui franchement en panique. « Mon arme de service est dans mon sac », a-t-il lâché tout blême, se voyant déjà expliquer à l’IGPN pourquoi il avait laissé son pétard sans surveillance alors qu’il rencontrait une journaliste en loucedé. Je vous passe les détails, mais grâce au franchissement hasardeux d’une sortie de secours sous alarme, notre invité a pu récupérer son bien. Sa négligence momentanée n’a pas eu de suites.
Nous étions bien avant les attentats de 2015, mais beaucoup de policiers transportaient déjà leur arme hors service. Les formalités ont été allégées depuis. Cette décision individuelle reste toutefois soumise à plusieurs conditions : le déclarer à sa hiérarchie au préalable et avoir effectué ses trois séances de tir obligatoires depuis un an, dont au moins une dans les quatre derniers mois. D’après les chiffres de juillet 2018 communiqués par le service de communication de la police nationale (Sicop), un fonctionnaire sur deux conserve désormais son arme hors service.