À première vue, Laurent fait plutôt gros bras, limite bourrin. Mais le « baqueux », passé par l’armée avant d’entrer dans la police, se veut très rigoureux sur la sécurité des armes à feu. « Je supporte pas les trous du cul qui jouent avec leur pétard », s’emporte le flic au parler fleuri. « Dès que je vois un couillon qui fait le con avec son arme, je lui dis : “Une arme, on joue pas avec.” Si tu la touches pas, elle fait rien. » Laurent garde en mémoire l’accident mortel « inadmissible » qui a eu lieu au commissariat de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, en mars 2018. Alice V., une policière de 25 ans, a été tuée par l’un de ses collègues, désormais révoqué et poursuivi pour homicide involontaire. Plusieurs de ses camarades ont rapporté qu’il s’amusait parfois à les braquer avec son flingue, pour rire. Xavier, en poste dans un service financier, trouve ça « hallucinant ». « Chez nous, on n’hésiterait pas à faire un rapport », tranche-t-il. Si le policier, fort de quelques années d’expérience, met cette coupable légèreté sur le compte de « la jeunesse », il reconnaît aussi que l’ancienneté peut conduire à penser, à tort, « qu’il n’y a aucun risque ». Il lui est déjà arrivé de mettre en service son arme dans une voiture ou dans son bureau, en orientant le canon « vers le gilet pare-balles » au cas où un coup partirait. Il sait pourtant qu’il y a des puits pour ça. Fabien, brigadier de PJ, attribue d’ailleurs la plupart des accidents aux « raccourcis » pris par les fonctionnaires. Comme s’épargner une vérification de sécurité pour gagner un peu de temps.