Depuis trois semaines, l’affaire Théo L. a fait émerger de nombreux témoignages sur le comportement de certains policiers, et au moins deux nouvelles plaintes pour violences à Aulnay-sous-Bois. Mais la condamnation huit mois plus tôt d’un agent de la brigade anti-criminalité (BAC) d’Aulnay-sous-Bois, également pour violences, était jusqu’à présent passée inaperçue. Dans l’épisode 3 (« La police à Aulnay, antécédents familiers »), nous vous parlions – entre autres affaires – d’un contrôle de police sur un parking de la cité des 3 000, le 12 février 2011. Un jeune homme de 22 ans, témoignant sur le BondyBlog, avait accusé un policier de l’avoir fouillé en appuyant fortement sur ses testicules, puis de lui avoir décoché deux violents coups de poing à la mâchoire. Souffrant d’une fracture, il avait écopé de 30 jours d’ITT et dû être opéré. À l’époque, le parquet de Bobigny avait confirmé que des violences avaient été « exercées dans d’importantes proportions » et saisi lui-même la « police des polices ». Plus aucun article n’a ensuite été écrit sur cette affaire, nous laissant penser qu’elle avait été classée.
Pourtant, le policier de la BAC d’Aulnay-sous-Bois, âgé de 36 ans au moment des faits, a bien été déclaré coupable de ces violences. La justice a corroboré l’essentiel des déclarations du plaignant, un habitant d’Aulnay-sous-Bois. Nous l’avons croisé ce week-end sur un parking à deux pas du Cap, la salle de concert derrière laquelle Théo L. a été agressé par quatre policiers. Âgé de 28 ans aujourd’hui, il dit avoir « tiré un trait » sur cette affaire et ne souhaite plus en parler.
Les Jours ont retrouvé l’arrêt de la cour d’appel, qui résume les faits et les conclusions de l’enquête. Le 27 novembre 2014, le tribunal correctionnel de Bobigny condamne Christophe D. à six mois de prison avec sursis et trois mois d’interdiction d’exercer. Le fonctionnaire conteste sa condamnation dès le lendemain. Mais la cour d’appel de Paris confirme sa culpabilité le 3 juin 2016, tout en allégeant la peine pour « ne pas compromettre dans des proportions excessives la carrière de ce policier ayant donné jusqu’alors toute satisfaction ». Son « geste isolé » lui vaut finalement quatre mois de prison avec sursis, sans interdiction professionnelle. L’audience en appel s’est tenue le 13 novembre 2015 à Paris, quelques heures avant les attentats.
La version des quatre policiers de la BAC d’Aulnay n’a pas varié : le 12 février 2011, à la recherche de consommateurs de « produits stupéfiants », ils décident de contrôler les trois occupants d’une camionnette garée sur un parking des 3 000.